La manifestation, qui accuse 4,4 millions d’euros de déficit pour 2023 et 2024 va bénéficier du soutien de l’État et des collectivités partenaires pour assurer son avenir.
«On a traversé des mois très compliqués mais nous sommes reconnaissants et soulagés envers l'État et les collectivités locales.» Directeur artistique du Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence, Pierre Audi se montrait soulagé samedi, au lendemain du conseil d’administration qui a engagé un plan pour sauver la manifestation. Le festival va bénéficier d’un «financement exceptionnel» d’urgence de 1,6 million d’euros, sous forme d’avance de fonds remboursable. Le ministère de la Culture débloquera 800.000 euros , tandis que les collectivités locales partenaires (Aix-en-Provence, la métropole Aix-Marseille, le conseil départemental des Bouches-du-Rhône et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur) devront avancer 200.000 euros chacune.
4,4 millions d’euros de déficit pour 2023-2024
Comme le souligne le ministère, sur la foi de l’audit flash commandé au printemps, il y avait urgence «pour assurer l'édition 2024 et l'engagement 2025». L'ampleur du déficit est désormais connue. 2,2 millions pour 2023 et 2,2 millions pour 2024, même si Pierre Audi souligne que l’année 2024 «n'est pas terminée» et espère le ramener à 2 millions. «Nos fonds propres qui avaient été abondés par la ville d'Aix en 2019 et 2020 pour 2 millions d'euros sous forme d'avance remboursable, sont aujourd'hui négatifs et nous allons nous employer à les reconstituer sur les prochaines années dans le cadre de notre plan de redressement, de manière à pouvoir honorer nos dettes vis-à-vis des pouvoirs publics aux échéances qui seront fixées», dit Stéphanie Deporcq, administratrice déléguée du festival. « Il s'agit de redresser, réduire la voilure et faire du bénéfice pour rembourser les avances qui nous sont octroyées».
«Trop ambitieux»
Comment en est-on arrivé là? Pierre Audi, directeur artistique de l'opéra National d'Amsterdam de 1988 à 2018, prend ses fonctions à Aix en septembre 2018. En 2019, le budget du festival est de 22 millions, dont 10 millions de subventions et 4 millions de mécénat. En 2023, le budget est de 27,5 millions dont 11 millions de subventions et 6,8 millions de mécénat. Le pouvoir de conviction d'Audi et la qualité des productions proposées remplissent les salles, embellissent la billetterie, font venir la presse internationale et poussent les mécènes à mettre la main à la poche. Ils ne suffisent cependant pas à rattraper les coûts liés à l'inflation qui flambent en 2023, ni à éponger le faste de l'édition des 75 ans, – neuf opéras, dont six nouvelles productions et sept orchestres invités – construite quatre ans à l'avance, comme il est de règle à l'opéra, à une période où l'on pouvait croire à de nouvelles hausses du mécénat et où l'on ne devinait pas la crise économique liée à la guerre. «C'est une question d'ajustement. On a été trop ambitieux et on a trop spéculé sur les recettes de mécénat», dit Audi qui se réjouit de ce «plan de sauvetage remboursable» dans lequel il lit «bonne volonté, amour, respect et enthousiasme» pour le festival.
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