La Fédération nationale des directrices et directeurs des affaires culturelles (FNADAC) a tenu ses 6es Assises nationales en octobre 2022 à Sète sur les enjeux et les moyens de passer « de la transformation de la culture à la culture de la transformation ».
Temps de mise en partage des pratiques, réflexions et expérimentations dans toutes leurs richesses, diversités, interrogations, doutes et limites, les assises visèrent à observer dans leur globalité, tant d’un point de vue intellectuel, scientifique, qu’artistique et pratique, les manières avec lesquelles les collectivités locales et les acteurs des territoires s’engagent dans des processus de transition écologique, appréhendent les mutations numériques, et prennent en compte les transformations sociales et démocratiques qui modifient nos environnements et nos modes de vie.
Comme tous les secteurs d’activité, la culture est confrontée aux urgences liées aux crises que nous traversons et doit engager une réflexion approfondie, prendre à bras-le-corps la question de sa transformation. Les échanges permirent de débattre, d’imaginer de nouvelles perspectives pour qu’au-delà des modes de production et de diffusion d’une offre artistique et culturelle, qui structurent souvent un pan important des politiques culturelles territoriales, la culture puisse devenir un levier puissant et spécifique permettant d’accompagner la compréhension des bouleversements de nos environnements et des nouveaux enjeux qui s’imposent à nous, et de renouveler les manières de penser le monde et nos rapports à celui-ci.
Transformer les crises en opportunités
Les crises actuelles bousculent les certitudes des uns et des autres, provoquent des chocs, des ruptures qui affectent les personnes, les organisations, et changent radicalement le contexte politique, économique, social, et environnemental. Elles créent un climat d’incertitudes, de contraintes, de peurs, de risques nouveaux qu’il convient de prendre en compte. Elles nous obligent à réinterroger les modes de fonctionnement des collectivités et des acteurs des territoires, et, de ce point de vue, elles deviennent une opportunité pour percevoir et ressentir le caractère d’urgence à refonder les modalités de l’intervention publique territoriale. Ce passage par le registre de l’émotion permet une perception accrue de la nécessaire urgence à transformer les façons d’agir.
Les collectivités s’emparent parfois de la question de la transition écologique d’un point de vue strictement technique en instituant une sobriété énergétique dans le bâti culturel, favorisant une mobilité durable notamment en revisitant les questions de modalités de déplacements des publics, mettant en œuvre de nouveaux processus d’organisation à ce que l’on qualifie communément des « éco-événements ». Elles peuvent aussi instaurer de nouvelles procédures pour la conservation des œuvres dans les musées, des instruments de musique dans les conservatoires, ou rechercher les énergies les plus adaptées et économes dans les réhabilitations d’un patrimoine. Mais, pour que la sobriété ne rime pas avec réduction de l’offre culturelle et artistique, il leur faut prendre le temps de réfléchir et d’apprendre à distinguer correctement les notions d’efficacité et de sobriété et aborder la question dans sa globalité. Avant même la mise en place de contraintes ou de références fixes, il est nécessaire de structurer une stratégie parce qu’« un problème systémique ne se résout pas avec une grille d’indicateurs ».
"Comme tous les secteurs d’activité, la culture est confrontée aux urgences liées aux crises et doit prendre à bras-le-corps la question de sa transformation."
Si la sobriété constitue l’un des leviers de la transition écologique, il y a un impératif à questionner les logiques de politiques culturelles articulées à des enjeux de rayonnement territorial et touristique. Des politiques culturelles plus sobres cherchent de quelles manières s’ancrer sur la construction pérenne d’un maillage de proximité, s’appuyer sur des ressources locales, de quelles façons coconstruire des dynamiques de long terme avec les habitants des territoires. Cette attitude s’apparente à ce que l’on nomme ailleurs des « circuits courts », qui ont vocation à rendre les membres acteurs de ces écosystèmes. Si cela peut créer de nouvelles dynamiques riches et durables, une vigilance reste de mise pour éviter que cela ne devienne des « circuits fermés » tant pour les artistes que pour les habitants qui n’auraient plus d’opportunités de découvrir des productions artistiques de l’échelle nationale ou internationale. Entre travail en proximité et ouverture au monde et à la diversité des approches artistiques, scientifiques et culturelles, les équilibres, à toutes les échelles de territoires, sont à construire, et à maintenir avec au cœur des intentions et des intérêts parfois divergents. La sobriété peut devenir une opportunité pour aller vers une...
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