De Chambord à Gizeux, de Montreuil-Bellay à Cheverny, les monuments du val de Loire bouclent une année 2020 en recul de 48 % de leur fréquentation. Les propriétaires mettent la pression sur le gouvernement pour une réouverture à Pâques sous protocole sanitaire.
Une fine pellicule de neige a recouvert les buis du château d'Amboise (Indre-et-Loire). Un magnifique paysage que l'on ne savoure qu'en photo sur les réseaux sociaux. Depuis plusieurs mois, aucun visiteur ne peut visiter cette forteresse qui a vu grandir François 1er. « Heureusement que la célébration des 500 ans de la Renaissance, en 2019, nous avait permis d'engranger de la trésorerie. Mais nous avons quand même dû prendre des mesures d'économie », explique Marc Métay, directeur de cette propriété de la Fondation Saint-Louis, qui enregistre habituellement plus de 350.000 visiteurs par an.
En 2020, ils ont été 100.000 de moins, alors que le seuil de rentabilité est à 300.000 entrées. Cette PME de 34 permanents a enregistré deux départs volontaires. Pour la saison 2021, elle n'envisage pour l'instant que trois recrutements de saisonniers, alors qu'ils sont une vingtaine en année normale. Amboise a fait des économies sur la promotion à l'étranger et l'annulation des salons.
#ausecoursrouvreznous
A l'échelle du val de Loire , les sites touristiques ont enregistré une chute de 48 % de leur fréquentation selon le Comité régional du tourisme Centre-Val de Loire. « Aucun monument n'est sur le point de fermer. Mais la situation est très fragile », prévient François Bonneau, président du conseil régional. « Les trésoreries sont à sec », ajoute Marc Lelandais, propriétaire de Château Gaillard, à Amboise, et délégué aux affaires économiques de La Demeure historique, l'association qui regroupe quelque 3.800 monuments privés, dont Vaux-le-Vicomte, Cheverny et Villandry.
« Nous avons tenu grâce à un prêt garanti par l'Etat, puis grâce à une aide de 5.000 euros de l'intercommunalité Touraine Ouest Val de Loire (Langeais). Mais là, nous basculons dans le rouge », s'inquiète Géraud de Laffon, propriétaire du château de Gizeux (Indre-et-Loire), qui équilibrait avant le Covid son budget de 200.000 euros avec des chambres d'hôtes haut de gamme.
Protocole sanitaire commun
Au niveau national, plusieurs acteurs culturels se mobilisent derrière le mot-clé #AuSecoursRouvrezNous, relayé au parlement par la députée des Hauts-de-Seine Constance Le Grip (LR), qui en appelle au « sauvetage de l'exception culturelle française ». Un coup de pression frontal sur le gouvernement assumé par Julien Marquis, de l'association Adopte un château, et par La Demeure historique, alors même que la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a indiqué le 8 février que les musées et monuments seront prioritaires pour accueillir à nouveau du public dès la « décrue » du Covid.
« Nous devons faire savoir que nous sommes capables de recevoir du public sans favoriser la propagation du virus. Les autorités italiennes, qui sont dans la même situation sanitaire, ont rouvert les monuments et les musées », insiste Marc Lelandais. Le ton est plus mesuré chez François Bonneau. Le président de la région Centre-Val de Loire a fédéré une centaine de monuments plus modestes autour du Réseau des grands sites (Chambord, Chenonceau, Blois…) pour élaborer un protocole sanitaire apte à convaincre le gouvernement.
Au-delà du...
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