Sur fond d’épidémie anxiogène, de nouveaux maires sont entrés en piste en mars 2020, et à Perpignan, Narbonne et Arles, la culture accuse désormais le coup. Directeurs poussés vers la sortie ou subventions en baisse, un an et demi plus tard, certains théâtres du sud de la France prennent la mesure des changements politiques opérés. Et pas pour le meilleur. Reportage.
Juin 2020. Paralysée par le Covid, la France boude les bureaux de vote lors d’élections municipales frappées par des records d’abstention. Sur fond d’épidémie anxiogène, de nouveaux élus entrent en piste. Un an et demi plus tard, certains théâtres au sud de l’Hexagone prennent la mesure des changements politiques opérés. Et pas pour le meilleur.
À Perpignan, Narbonne, Arles, la culture accuse le coup. Directeurs poussés vers la sortie ou subventions en baisse : l’État assiste, impuissant, à des manœuvres qui le dépassent. Il n’a plus son mot à dire. Voilà des années qu’il a délégué aux collectivités territoriales l’essentiel du financement des établissements culturels publics. Les villes qui mettent beaucoup d’argent dans leurs musées, théâtres ou opéras n’hésitent plus à faire savoir qu’en retour, elles ont des exigences.
Les mairies ont-elles leur “mot à dire” ?
Lors d’un conseil municipal, le 16 décembre 2021 (consultable en ligne), Louis Aliot, nouveau maire Rassemblement national de Perpignan, évoque le sort du Théâtre de l’Archipel (une Scène nationale) en termes inédits pour ceux qui ne soumettent pas la culture à une logique comptable : «C’est un théâtre particulièrement important et coûteux pour les finances de la ville. Je pense que même si aujourd’hui on est dans la concertation, il n’est pas anormal que l’institution qui paie le plus ait quand même juste son mot à dire, même s’il n’est pas décisif ou définitif en la matière.» Le «mot à dire» tient en une décision : ne pas reconduire à la direction de l’Archipel Borja Sitjà, son patron depuis 2016. À raison, si l'on en croit André Bonet, adjoint à la culture, qui justifie ce choix par "les conclusions deux audits externes montrant que Borja Stijà a désorganisé la Scène nationale". À tort, si l'on écoute l'incriminé, accusé d'avoir généré de la souffrance au travail: "Ils ont trouvé cette excuse et se sont servis de cette histoire pour me virer." Borja Stijà est-il un bouc émissaire ? C'est l'avis de Serge Regourd, vice-président de la Scène nationale au titre de la région Occitane. Dans une déclaration écrite datée du 14 décembre, il mentionne un rapport de la médecine du travail qui remet en, bien au-delà du seul directeur, "l'ensemble du ...
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