500 000 euros de moins sur une subvention annuelle de 7,5 millions d’euros: la néo-municipalité écolo entend introduire plus d’«équité» dans ses dépenses culturelles, en direction de la jeune création.
Le drame s’est noué le 4 mars sur les réseaux sociaux : le nouvel exécutif écologiste de Lyon s’apprête à acter une baisse de 500 000 euros de la subvention de fonctionnement accordée à son opéra, qui s’élevait en 2020 à 7,5 millions d’euros. Cette décision, votée lors du conseil municipal des 25 et 26 mars, est pourtant loin d’être un scoop. En juin, deux semaines avant la victoire des Verts, Nathalie Perrin-Gilbert, la future adjointe à la culture, expliquait au Petit Bulletin, hebdomadaire culturel local, souhaiter une «réorientation au sein de ce budget», qui serait non pas «une punition aux institutions» mais un moyen de «réintroduire un peu plus d’équité», notamment entre la part allouée à l’opéra et celle dédiée à l’émergence et à la création artistique. L’élue soulignait également la nécessité d’un «audit indépendant» sur la gestion de ce navire amiral, épinglée par un rapport de la chambre régionale des comptes en 2019, en raison «d’anomalies […] assez importantes».
Prévenu le 2 mars par Nathalie Perrin-Gilbert, Serge Dorny, le directeur général de l’opéra de Lyon, s’est dit dans un communiqué surpris que ce recul «s’applique à l’exercice 2021, alors qu’[il] est engagé depuis plus de deux mois» et inquiet «de l’idéologie anti-opéra que semble sous-tendre cette décision». L’opposition de droite a creusé cette veine en fustigeant une entreprise de «rééducation», «au profit d’une certaine conception de la culture ouverte à tous les courants idéologiques en vogue à l’extrême gauche», a déclaré dans un communiqué le sénateur et conseiller municipal Les Républicains Etienne Blanc. Le même qui, en tant que vice-président aux finances de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a diminué de 243 000 euros, entre 2015 et 2018, la dotation de fonctionnement accordée à l’opéra. Avant de lui glisser en 2019 une enveloppe de 240 000 euros, au titre de l’investissement, l’un des mantras politico-économiques de son patron Laurent Wauquiez.
«J’assume totalement»
Bassoniste à l’orchestre de l’opéra et délégué syndical du Snam-CGT, Nicolas Cardoze reste «abasourdi»,tant sur la méthode que sur le timing : «Cette somme correspond au coût moyen de production d’un opéra, ça fragilise l’institution alors que les spectacles sont à l’arrêt depuis un an.» Et de pointer «l’incidence directe» de cet arbitrage sur l’emploi des intermittents du spectacle, qui représentent 29 % des 441 postes équivalents temps plein que compte à ce jour l’institution. Au sein de son effectif permanent, 68 % des employés sont des agents de la ville de Lyon, qui a déboursé 10,5 millions d’euros en salaires en 2020. A cela s’ajoute la fameuse subvention de fonctionnement qui passe de 7,5 à 7 millions d’euros, déjà rabotée en 2018 de 286 000 euros par l’ancien exécutif LREM.
L’opéra règle 800 000 euros de loyer annuel à la municipalité pour le grand théâtre, tandis que ses salles de répétitions extérieures (l’orchestre et la maîtrise) et ses ateliers de décors sont eux occupés à titre gratuit. L’aide directe de la ville de Lyon atteint donc 17,5 millions d’euros, soit près de la moitié du budget de fonctionnement de l’opéra (38 millions d’euros en 2020), deuxième mieux pourvu de France après celui de Paris. Les autres contributeurs publics sont l’Etat (5,9 millions d’euros), la région et la métropole (2,8 millions d’euros chacun). Le théâtre lyrique réalise...
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