La ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a précisé jeudi que les rassemblements culturels seraient limités à 5 000 spectateurs, tous assis. Le Hellfest a dit renoncer à sa prochaine édition.
Roselyne Bachelot a tranché. Sollicitée par les organisateurs de festivals, qui disaient ne plus pouvoir attendre pour savoir s’ils étaient autorisés ou non à maintenir leurs prochaines manifestations, la ministre de la culture a décidé de pratiquer la politique du « en même temps », chère à Emmanuel Macron. Oui, les festivals pourront avoir lieu cet été, a-t-elle précisé lors d’une réunion avec les professionnels du secteur, jeudi 18 février. Mais non, ils ne pourront pas se dérouler dans des conditions normales, et les organisateurs devront accepter de revoir leurs ambitions à la baisse.
Les festivals de musique, de théâtre ou d’art lyrique prévus cet été ne pourront pas accueillir plus de 5 000 personnes à la fois sur un même site, qu’ils soient organisés en plein air ou dans une salle. De plus, les spectateurs devront tous être assis et respecter les mesures sanitaires, c’est-à-dire être masqués et à distance les uns des autres. Les concerts debout ne seront donc pas autorisés, comme c’était déjà le cas l’été 2020. Ce cadre pourra aussi être durci ou allégé, « afin de l’adapter à l’évolution de la situation sanitaire », a précisé Mme Bachelot dans un communiqué publié jeudi soir.
Aucune décision n’a été annoncée, en revanche, sur la date à laquelle les festivals seront autorisés à accueillir du public. Une inconnue majeure, alors que plusieurs manifestations sont attendues dès le printemps. Le festival We Love Green, qui avait attiré 80 000 personnes dans le bois de Vincennes (Val-de-Marne) en 2019, avant d’être annulé en 2020, doit ainsi s’ouvrir le 3 juin. « Ces dispositions sont valables pour cet été. Pour les festivals du printemps, ce sera au cas par cas, avec un cadre plus strict compte tenu de la situation sanitaire et, logiquement, un risque plus important d’annulation », explique-t-on dans l’entourage de la ministre.
De nouvelles aides
Consciente des difficultés que ces mesures vont provoquer pour un certain nombre de festivals, Mme Bachelot a annoncé de nouvelles aides sectorielles. Un fonds de 30 millions d’euros va être créé pour compenser les pertes d’exploitation liées à la jauge de 5 000 personnes ou indemniser les festivals qui seraient contraints d’annuler au dernier moment du fait d’une dégradation de la situation. Quinze autres millions d’euros seront débloqués pour aider à la captation des festivals (théâtre, musique, danse et autres). « Ces captations permettront de toucher un public plus large, même si elles ne remplaceront jamais l’expérience du spectacle vivant », plaide la ministre.
A l’issue de la réunion, Jean-Paul Roland, le directeur des Eurockéennes de Belfort, qui doivent avoir lieu du 1er au 4 juillet, pour une jauge de 35 000 personnes par jour, s’est dit « sous le choc, avec l’impression d’être dos au mur ». « Cinq mille personnes assises et distanciées, c’est faire le sacrifice d’esthétiques comme l’electro ou le hip-hop, en clair sacrifier la jeunesse », déplore-t-il, même s’il réserve sa réponse à propos d’une éventuelle annulation.
A l’inverse, Jérôme Tréhorel, le directeur des Vieilles Charrues, un des plus gros festivals de France (70 000 personnes par jour), prévu à Carhaix (Finistère), du 15 au 18 juillet, reconnaît : « Le ministère de la culture donne enfin le cadre que nous lui réclamions depuis des semaines. Des réponses engageantes et motivantes. » Pour avoir lieu, le festival entend se réinventer, avec un format inédit : autour de « dix soirées de concerts, du 8 au 18 juillet 2021 », au lieu des quatre journées prévues initialement. « On s’adaptera. Ce ne sera pas un été silencieux à Carhaix, ce sera l’été des retrouvailles », confiait dès jeudi à l’Agence France-presse Jérôme Tréhorel.
« On peut s’adapter »
Gérard Pont, patron des Francofolies, prévues à la mi-juillet à La Rochelle (150 000 personnes en 2019), a salué, lui aussi, les annonces de Mme Bachelot : « L’an dernier, en avril, on en était nulle part, sans décision, et là on est en février et on nous dit qu’il pourra y avoir des festivals, c’est déjà formidable ».
« Il y a plein d’artistes qui rêvent de jouer devant 5 000 personnes, et puis notre programmation n’est pas internationale, donc on peut s’adapter, ce n’est que du positif, et la situation peut, qui sait, peut-être encore s’améliorer d’ici cinq mois. »
Entre ces deux...
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