L’instauration du certificat inquiète les théâtres publics et privés, parfois confrontés à des tensions au sein des équipes et devant déjà gérer des annulations.
«Des équipes artistiques vont-elles se fissurer ? Devra-t-on redistribuer des rôles ?» : Alain Batis ne cache pas ses inquiétudes à la veille de la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal. Metteur en scène du spectacle L’Ecole des maris, de Molière, actuellement en tournée, il est «tous les jours sur le qui-vive» face à la vague Omicron et au risque d’annulation. Deux de ses sept comédiens ont été, ces dernières semaines, positifs au Covid-19. Le premier n’était pas vacciné, la seconde l’était.
«En tant que directeur de compagnie, je demande un passe sanitaire en règle, mais je n’ai pas à m’immiscer dans ce que j’estime relever du domaine privé, être testé ou vacciné». Or, le projet d’instauration d’un passe vaccinal, et non plus seulement sanitaire, pour toute personne travaillant dans un établissement recevant du public va obliger les responsables de théâtre et de compagnie à vérifier le statut vaccinal. «Ainsi une comédienne ou un régisseur qui présenterait un test négatif ne pourrait plus exercer son métier, alors qu’il ne met pas en danger autrui. Cela pose un vrai problème de fond», souligne Alain Batis.
«Jamais je n’aurais imaginé qu’on en arrive à dire : “Tu ne veux pas te faire vacciner, tu pars.” C’est terrible», témoigne Valérie Lesort. Cette comédienne, qui signe avec Christian Hecq la mise en scène d’une nouvelle adaptation du Voyage de Gulliver de Jonathan Swift (actuellement au Théâtre de l’Athénée, à Paris, puis en tournée), évoque des discussions «parfois impossibles» au sein des équipes. «On a été obligés de se séparer d’un collaborateur qui refuse catégoriquement la vaccination.» Mais, selon elle, le passe vaccinal «ne va pas changer grand-chose» car la plupart des artistes «veulent avant tout jouer, exister, sortir de cette pandémie». Et puis, pour les non-vaccinés qui se testent à leurs frais tous les deux jours, la facture finit par devenir chère.
«Le pire, c’est de ne pas jouer»
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