Les lieux de spectacle subventionnés par le ministère de la Culture devront désormais lutter contre le harcèlement et les violences sexistes, sous peine de perdre leurs aides, a annoncé Roselyne Bachelot. Une petite révolution.
À la veille de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, Roselyne Bachelot semblait résolue, mercredi 24 novembre, lors d’un point presse dans les salons lambrissés du ministère de la Culture, à défendre celles qui travaillent dans le spectacle vivant. Car s’il y a une «cause» qui lui tient à cœur, c’est bien la protection des femmes dans l’exercice de leur métier, a-t-elle fait comprendre, lors de la présentation de son Plan de lutte contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels dans le spectacle vivant. Un objectif visé dès son arrivée, en juillet 2020, rue de Valois, ajoute-t-elle, en précisant que le mouvement #MetooThéâtre, lancé en octobre dernier sur Twitter, vient «conforter» son action. Son équipe rapprochée insiste, «c’est son premier débrief avec la presse d’un plan d’action spécifique et elle a tenu à le faire elle-même». Autrement dit : la ministre de la Culture prend la main.
Elle aurait eu tort de rater l’occasion, car ses annonces ne sont pas des mesurettes. «Le socle» du dispositif est radical : lier les subventions publiques au respect total des moyens de lutte contre toutes formes de harcèlement et de violences sexistes et sexuelles. Sont concernés tous les lieux labellisés par le ministère (centres dramatiques et chorégraphiques nationaux, ou scènes nationales par exemple, les cinq théâtres nationaux ayant déjà été «traités», dixit les services de la ministre), ainsi que tous les festivals ou lieux régulièrement subventionnés, sans oublier les compagnies et ensembles artistiques. Soit 1 249 structures recensées : 428 dans le théâtre, 333 dans la danse, 298 dans la musique, 190 dans les arts pluridisciplinaires. Elles sont réparties en 408 lieux labellisés par le ministère, 588 équipes conventionnées, et 155 festivals. Cela fait du monde.
Tous, salariés permanents en priorité, devront, à des degrés divers, passer par une formation. L’Afdas, opérateur du ministère pour la formation permanente, a déjà mis en place quatre «parcours adaptés», de un à trois jours, qu’une dizaine d’organismes seront chargés de dispenser à travers la France à partir du 6 décembre. Des crédits supplémentaires de formation seront affectés, en plus des financements automatiques, nous promet-on.
À l’image de ce qui se fait déjà depuis 2020 pour l’attribution des subventions par le Centre national du cinéma ou par le Centre national de la musique, ces conditions obligatoires pour bénéficier des aides publiques (272 millions d’euros dans le spectacle vivant) devraient avoir un impact fort et faire changer les mentalités dans la lutte contre les violences et leur prévention. Cinq critères sont désormais imposés : être en conformité avec les obligations du Code du travail ; créer un dispositif interne de signalement obligatoire et efficace ; former la direction, les encadrants, les ressources humaines et des référents au recueil de la parole et à la gestion des situations de violence et de harcèlement ; sensibiliser toutes les équipes et organiser la prévention des risques au moyen de systèmes d’informations y compris des ...
Lire la suite sur telerama.fr