Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, dans les mondes parallèles lors de l’ouverture du festival Séries Mania, le 22 mars 2019. (Franck Crusiaux/Réa)
Si les conseils régionaux ont peu de compétences obligatoires en matière culturelle, ils peuvent jouer un rôle d’orientation important. Avec des visions et des budgets très contrastés.
A deux mois des élections régionales, 67 dirigeants d’institutions culturelles de Provence-Alpes-Côte-d’Azur signaient une tribune appelant au maintien d’une politique culturelle «offensive» dans leur région, à l’heure où l’extrême droite frappe à la porte. «Allons, pourquoi cette panique ?» semblait leur répondre la tête de liste RN, Thierry Mariani, sur France Info. D’ailleurs, tenez, il le promet : «La culture ne sera pas du tout menacée.» Enfin, tout dépend laquelle. Et puis, les acteurs culturels jouent-ils réellement leur peau en cas d’alternance politique aux régionales ? Dans une interview donnée au Point le 7 juin, le directeur du Festival d’Avignon, Olivier Py, promettait, certes, de rendre la subvention régionale en cas de victoire de la formation lepéniste. Mais de là à démissionner, comme il entendait le faire en cas de passage du RN aux municipales en 2014… «La région n’est pas la ville» , rappelait-il, et il conviendrait en effet de repréciser son rôle.
La culture fait bien partie des compétences des régions. Certes, elles n’ont ni la puissance normative de l’Etat, ni la force de frappe budgétaire du bloc local pour orienter l’action publique en matière de culture : leur budget culturel ne s’élève qu’à hauteur de 1,5 à 3 %, là où des villes comme Strasbourg ou Lyon y consacrent plus de 20 %. En outre, contrairement aux municipalités qui ont en charge la régie directe de certains établissements, elles ne gèrent que peu d’équipements et leurs compétences obligatoires sont minces : des missions de cogestion des Fonds régionaux d’art contemporain, d’inventaire du patrimoine culturel, de structuration des filières professionnelles ou d’organisation de l’enseignement préparant aux formations supérieures du spectacle vivant… Un rôle de souffleur logé dans les coulisses, alors ? Un acteur public de «second plan» dans les politiques culturelles ? «Attention, rectifie Vincent Guillon, codirecteur de l’Observatoire des politiques culturelles. Même si elles n’agissent généralement pas à un niveau de gestion directe de services culturels à la population, ça ne veut pas...