Patrimoine, éducation culturelle, spectacle vivant... Auditionnée au Sénat, la ministre de la Culture tente d’imprimer sa marque mais doit composer avec des crédits en baisse… et ses envies de dépenses.
Entre annonces, confirmations et flou artistique, Rachida Dati a posé, mardi au Sénat, les jalons d’une politique culturelle qui relève encore largement de l’incantation. Contrainte de jouer les pompiers, à la suite des 204 millions d’euros de crédits annulés pour son ministère par le gouvernement, elle a crânement joué sa partition, sur le mode : « Personne ne peut dire que l’économie va bien. Moi, en responsabilité, j’ai pris ma part à cette réduction budgétaire. » Feignant d’oublier qu’elle se serait bien passée de cette coupe claire dans son budget, qui lui a été imposée sans qu’elle ait eu son mot à dire.
Face à cette décision, la ministre de la Culture a confirmé qu’elle allait abondamment puiser dans la réserve de précaution de son ministère. Une enveloppe composée d’une fraction de son budget (entre 0,5 % et 3 %), gelée en début d’année pour faire face aux aléas survenant en cours de gestion. Ce faisant, elle réussit à atténuer les conséquences de la baisse des crédits à la culture mais brûle ses vaisseaux en cas de besoin pour le reste de l’année. « La réserve de précaution couvre plus de 70 % des annulations de crédit », a expliqué Rachida Dati (dans un deuxième temps de son intervention, elle parlera de « plus des deux tiers »), qui a promis « qu’il n’y aurait pas un euro de moins sur le spectacle vivant et les territoires ». La ministre s’est par ailleurs engagée à trouver de l’argent pour financer son projet de « Printemps de la ruralité », qui vise à renforcer la place de la culture dans les territoires ruraux. « Je n’ai pas lancé une consultation nationale et rencontré des élus sur le sujet pour leur dire que, finalement, c’est impossible à faire. »
Où trouvera-t-elle alors les quelque 60 millions d’euros d’économies à réaliser une fois utilisée la réserve de précaution ? Pas sur le patrimoine, où tous les programmes de rénovation et les grands projets seront poursuivis. Mais en partie sur le budget dévolu à la transmission des savoirs et la démocratisation de la culture. « Il était prévu à 824 millions d’euros initialement (1), ce sera 808 millions d’euros après les annulations. Donc l’impact est vraiment marginal », a expliqué sans autre précision la ministre. Pour le reste, on n’en saura pas plus malgré les questions insistantes de quelques sénateurs.
Ouvrir le pass Culture
Rachida Dati a été plus prolixe concernant le pass Culture, pierre angulaire de la politique culturelle d’Emmanuel Macron. Elle juge que « c’est un outil qui marche bien » mais qui perpétue « la reproduction sociale ». Comprendre, qui s’adresse aux jeunes qui possèdent déjà un minimum les codes des sorties culturelles et savent ce qu’ils vont chercher dans le pass.
Pour l’ouvrir plus largement, elle propose d’agir dans deux directions. Sur le pass lui-même, en éditorialisant plus qu’aujourd’hui toutes les offres culturelles qui y figurent. Mais aussi, en associant étroitement à l’utilisation du pass les acteurs de l’éducation populaire dont le rôle dans la médiation culturelle n’est plus à prouver. « Je voudrais élargir la part collective du pass Culture, aujourd’hui réservée aux seuls établissements scolaires, aux MJC, aux maisons de quartiers et aux centres sociaux », a-t-elle expliqué.
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