Beaucoup redoutent que cette offre renforce l’industrie du divertissement et qu’elle creuse la fracture culturelle entre jeunes urbains issus des classes favorisées et les autres, relève dans sa chronique Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde ».
Emmanuel Macron s’est mis dans la peau d’un oncle voulant faire un cadeau de Noël à un neveu. Ne sachant pas ses goûts, il place quelques billets dans une enveloppe. Le geste est peu poétique mais au moins le gamin saura quoi faire de l’argent.
C’est la philosophie du Pass culture : 300 euros pour chaque jeune de 18 ans, à dépenser sur vingt-quatre mois, par le biais d’une offre riche proposée sur une application numérique. Après deux ans de tests dans quatorze départements, la promesse phare du président de la République vient d’être lancée dans la France entière.
C’est a priori gagnant-gagnant : des jeunes s’offrent des places de cinéma, des livres ou des cours de guitare, et des librairies ou théâtres renflouent leurs caisses pâlottes depuis la pandémie. Et pourtant la grande majorité du monde culturel, les spécialistes aussi, sont hostiles à ce chéquier numérique. Nombre de lieux de spectacles subventionnés demandent déjà sa suppression dans un communiqué daté du 19 mai.
Partisans et opposants au Pass se rejoignent autour d’une question : comment inciter les exclus de la culture à lire un roman, à aller au théâtre, au musée, à l’opéra, à voir un film autre qu’un blockbuster ?
Depuis la création du ministère de la culture, en 1959, la réponse est grosso modo celle-ci : multiplier les lieux d’art et...
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