Plusieurs municipalités ont pris des initiatives, plus ou moins heureuses, pour témoigner, pendant la crise sanitaire, de leur attachement au secteur, raconte dans sa chronique Sylvie Kerviel, journaliste au « Monde ».
L’initiative était a priori louable. Le résultat s’est révélé désastreux. Soucieuse d’inviter les Bordelais à débattre de la situation des artistes dans le contexte de la crise sanitaire, la municipalité, menée par l’écologiste Pierre Hurmic, avait commandé une campagne d’affichage. Dès le 9 avril, les panneaux publicitaires de la ville s’étaient couverts de messages interpellant les passants – « Artiste, c’est un métier ? » « La culture, ça coûte trop cher ? » – accompagnés de ce message : « Donnez votre avis sur Forumculture.bordeaux.fr ».
Certes, un point d’interrogation était apposé en fin de phrase afin de signifier que le débat était ouvert. Mais ces interpellations ont été prises par beaucoup comme du dénigrement. Le Forum de la culture, qui souffrait d’un défaut de visibilité, a vu ses connexions grimper avec la polémique. A peine apparue sur les murs et les Abribus, la campagne a enflammé les réseaux sociaux : une initiative « odieuse »,« nauséabonde », « un coup de poignard dans le dos ».
« C’est un peu comme si on démarrait un forum sur l’égalité hommes-femmes et que l’on commençait par la question : les femmes devraient-elles voter ? », a réagi le plasticien Emmanuel Ballangé. « Cela fait maintenant plus d’un an que presque tout le secteur culturel est sinistré économiquement, mais plus encore psychologiquement. C’est très insultant de poser la question de savoir si la danse, le théâtre ou la musique classique sont des métiers », a déploré le compositeur et chef d’orchestre Laurent Petitgirard. Le musicien Christophe Caul a joué la corde de l’ironie : « Bravo Bordeaux ! Nous pouvons aussi poser la question : “Les élus, ça coûte trop cher ?” »
« Pas le bon format, pas le bon moment »
La mairie s’est défendue en expliquant avoir voulu reprendre les lieux communs sur la culture. Il s’agissait, en...
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