Maires et professionnels de terrain préparent leurs recommandations dans le cadre de la concertation voulue par la ministre de la culture, Rachida Dati.
Depuis des semaines, dans les campagnes, élus locaux et professionnels de la culture sont invités à phosphorer dans le cadre du Printemps de la ruralité. Cette grande concertation nationale sur l’offre culturelle en milieu rural, lancée fin janvier par Rachida Dati, doit livrer ses résultats en avril. Depuis sa nomination, la nouvelle ministre de la culture le répète à l’envi : l’accès à la culture en milieu rural sera la priorité de son action. « C’est l’impensé des politiques culturelles, pour ne pas dire l’angle mort depuis Paris », a-t-elle à nouveau fait valoir, le 29 février, sur France Culture.
Le déséquilibre, il est vrai, est criant : seulement 5 % des quelque 367 structures labellisées se trouvent en zone rurale. « Mais ces territoires ne sont pas des zones blanches, ils ont tous des monuments historiques, des lieux de lecture publique, de nombreuses associations, des pratiques amateurs… », insiste Isabelle Chardonnier, directrice régionale des affaires culturelles en Bretagne, rappelant que, dans sa région, 84 % des bibliothèques-médiathèques sont installées dans les communes de moins de 5 000 habitants.
« L’absence de lieu ne signifie pas une absence d’activité culturelle », renchérit Claire Delfosse, professeure au Laboratoire d’études rurales de l’université de Lyon, saluant « la dynamique associative forte, point d’appui important pour aller beaucoup plus loin ».
Du côté des maires ruraux, on accueille la concertation comme « une opportunité à saisir », déjà en matière symbolique, « pour faire valoir le dynamisme culturel de nos campagnes alors que la ruralité est encore souvent associée à un désert culturel », selon Lionella Gallard, maire de Cheverny (Loir-et-Cher). La prudence est néanmoins de mise quant aux débouchés effectifs. « Il ne s’agit pas d’agiter les chiffons rouges de l’inégalité financière pour faire une politique culturelle », avait réagi l’Association des maires ruraux de France (AMRF) dans un courrier adressé à Mme Dati fin janvier, demandant entre autres à ce « qu’un véritable diagnostic territorialisé de l’action ministérielle soit réalisé pour que chacun, DRAC [direction régionale des affaires culturelles] par DRAC, puisse mesurer la manière dont la répartition des crédits est organisée », et se disant attentive « à ce que des leviers opérationnels concrets, en articulation avec le plan France ruralités, soient mis sur la table à l’issue de la concertation ».
De l’Ariège au Puy-de-Dôme, tous les maires expriment les mêmes attentes. A commencer par le renforcement des capacités d’ingénierie culturelle locale en rendant effective la nomination systématique d’un référent ruralité au sein de chaque DRAC : un interlocuteur unique pour aiguiller et faciliter les liens entre l’ensemble des acteurs. Faute de conseillers spécifiques dans les DRAC, faute de ressources humaines suffisantes dans les petites communes, « des projets passent à la trappe ou perdent du temps », regrette Sébastien Gouttebel, maire de Murol (Puy-de-Dôme), vice-président de l’AMRF, qui a trouvé la ministre « à l’écoute » lors de sa visite dans le Puy-de-Dôme.
Lire la suite sur lemonde.fr