L'article 25 de la controversée proposition de loi relative à la sécurité globale autorise le port d'arme par les forces de l'ordre en dehors de leur service. «Un grave danger» selon onze organisations du monde culturel, à l'origine d'un communiqué.
La loi Sécurité Globale ne cesse d'être l'objet de levées de boucliers. Après son adoption à l'Assemblée Nationale en novembre 2020, elle sera examinée par le Sénat à partir du 16 mars. Onze organisations, dont le SMA (Syndicat des musiques actuelles), le SNSP (Syndicat national des scènes publiques), le Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles) ou encore Les Forces Musicales et France Festivals, ont publié un communiqué dénonçant l'article 25 qui prévoit : « Le fait qu’un fonctionnaire de la police nationale ou un militaire de la gendarmerie nationale porte son arme hors service, dans des conditions définies par arrêté du Ministre de l’Intérieur, ne peut lui être opposé lors de l’accès à un établissement recevant du public. ».
« Aucune arme n'y a sa place »
Pour les signataires, aucune arme n'a sa place dans les ERP (Etablissement Recevant du Public). « Ce sont des espaces pacifiques de fête, de rencontre, d'échange, de création de lien social et d'expression artistique. » rappellent-ils. « Avec l'adoption de l'article 25, la présence d'armes au sein d'ERP et donc de lieux culturels serait facilitée voire banalisée, » soulignent-ils, pointant « Un grave danger ».
Ils insistent sur la dangerosité d'une arme mise à découvert par inadvertance, rappellent qu'un policier en civil doit être un citoyen comme un autre, mais surtout que les agents de sécurité des salles ne sont pas en mesure de contrôler la validité d'une carte de police, « possiblement falsifiable ». Ils tranchent : « Rien de plus simple, dès lors, pour qui souhaiterait commettre une tuerie de masse. »
« Renforcer les collaborations »
Les auteurs du communiqué se positionnent comme « des organisateur.trice.s responsables » ne minimisant à aucun moment les risques que peuvent encourir les publics accueillis dans leurs établissements. Ils expliquent « mettre déjà tous en place, en collaboration étroite avec les services de l'Etat, des dispositifs de sécurité drastiques ». Dispositifs sans cesse renforcés depuis les attentats au Bataclan en 2015.
Plutôt que de maintenir armées des forces de l'ordre hors service, il serait donc pour eux bien plus judicieux de renforcer ces collaborations afin d'offrir « une sécurité optimum aux publics ».
Les organisations signataires enjoignent donc leurs représentants élus au Sénat à voter contre cet article afin d'obtenir sa suppression.
Lien vers le communiqué : ici
Pauline Demange-Dilasser