Crise financière oblige, beaucoup de départements se replient sur leurs compétences obligatoires. La culture risque donc d’être sacrifiée sur l’autel budgétaire. A moins que les conseils départementaux fassent évoluer leur positionnement.
Les départements risquent-ils de réduire leurs dépenses culturelles à la portion congrue ? De ne plus financer des festivals ou la création artistique ? « On voit des départements se poser la question de réduire la voilure », constate Cédric Hardy, délégué général de CultureCo, le réseau national pour la culture dans les départements.
« Dans les hémicycles, certains n’hésitent pas à dire que le département met trop d’argent sur la culture, qui serait plus utile pour l’entretien des collèges ou les actions en faveur des personnes âgées, relate de son côté Mireille Pinaud, présidente de Culture et départements. Cette période de grande fragilité budgétaire favorise ce genre de discours. »
CultureCo et Culture et départements espèrent que leur fusion, qui est en cours, permettra de porter haut et fort un discours de conviction sur le rôle des départements en matière de culture.
Absence de bouclier
Certes, les exécutifs départementaux ne pourront pas rayer d’un trait de plume la culture. Car certaines interventions sont obligatoires : la lecture publique, à travers les bibliothèques départementales, l’organisation des enseignements artistiques, à travers des schémas départementaux ad hoc, la conservation des archives. Certains départements gèrent aussi les crédits d’entretien et de restauration du patrimoine, lorsque la région leur a cédé cette compétence par convention.
Cependant, l’obligation légale n’est pas un bouclier. D’abord, parce que le maintien des crédits destinés aux compétences culturelles obligatoires peut se faire au détriment des interventions facultatives. « Dans ce cas-là, c’est le soutien à la création artistique qui souffre le plus », s’alarme Claudy Lebreton, président de CultureCo.
Ingénierie culturelle
Ensuite, même pour les compétences obligatoires, des départements peuvent réduire l’ampleur de leurs interventions. Un phénomène observé par CultureCo, qui accompagne actuellement des départements pour la révision de leurs schémas des enseignements artistiques. « Des départements s’interrogent sur le champ des disciplines à couvrir, en se recentrant par exemple sur la musique », illustre Cédric Hardy.
De ce fait, chez CultureCo, on perçoit « des changements de posture contraints par les nécessités financières, avec des départements qui se positionnent sur l’apport d’ingénierie culturelle. »
Coopérations territoriales
Ce positionnement constitue une carte maîtresse à jouer, à l’heure où la Rue de Valois a lancé une concertation en vue d’assises nationales de la culture dans le monde rural.
« Vu le rôle des départements en matière de ruralité, nous ne devions pas manquer cette concertation, insiste Cédric Hardy. Nous avons centré notre discours, porté au nom de nos deux associations, sur le rôle d’ingénierie qu’investissent les départements, en matière de culture. C’est un élément déterminant pour construire des stratégies et animer les coopérations territoriales. »
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