La culture fait partie des tout premiers postes budgétaires de nombreuses villes de France, mais elle est tout à fait absente des débats de la campagne des élections municipales 2020. Ce phénomène est d’autant plus étrange que de nombreux maires en ont fait le levier majeur de leur action. Cet article revient sur certains enjeux et évolutions des futures politiques culturelles municipales.
Une baisse des budgets relative
Si l’on aime encore en France se référer au ministère de la Culture pour penser les politiques culturelles, il faut d’abord rétablir le fait qu’en termes budgétaires ce sont bien les communes qui en sont l’acteur majeur. Leurs dépenses sont évaluées à près de 9 milliards d’euros quand celles du ministère se situent autour de 6 milliards d’euros. En 2015, la dépense publique culturelle se répartirait « entre les communes (44 %), les groupements de communes (13 %), les départements (11 %), les régions (6 %) et l’État (26 %) », mais serait en baisse.
La tendance serait à la baisse, mais quiconque affirme pouvoir donner le chiffre des dépenses culturelles exact en France prendrait un bien grand risque. D’une part, parce que les dépenses culturelles dans les ministères comme dans les collectivités territoriales sont le fait de nombreux services, culturels bien sûr, mais également, ceux de la jeunesse, des loisirs, du tourisme, parfois des sports et aujourd’hui des « politiques du numérique » qui se voient réattribuer des budgets autrefois culturels. D’autre part, parce que la définition de la culture varie énormément à l’intérieur même des politiques publiques. Entre des définitions artistiques élitistes et des définitions récentes qui puisent plutôt du côté des loisirs ou des droits culturels, le gouffre est immense et brouille toutes les statistiques.
La baisse des dépenses des villes serait donc toute relative, à différencier déjà en ce qui concerne les investissements ou les dépenses de fonctionnement pour lesquels l’Observatoire des politiques culturelles note que « 71 % des villes de plus de 100 000 habitants […] augmentent leurs budgets culturels de fonctionnement entre 2017 et 2018, et 21 % les réduisent ». Plus que d’une baisse, il faudrait plutôt parler d’une stabilisation des dépenses qui s’accompagne d’une réorientation des budgets vers de nouvelles priorités ; nous allons y revenir.
Trois cas de figure nationaux
Au-delà des questions de budget, il faut également distinguer des cas de figure communaux très différents en termes de contexte à l’échelle nationale. On pointera d’abord la situation exceptionnelle de l’Île-de-France avec une dépense culturelle publique sans commune mesure avec le reste du pays.
Le contraste est fort avec la situation des communes rurales et ce que Françoise Nyssen nommait les « zones blanches culturelles » dans son plan « Culture près de chez vous » en 2018. Dans le contexte rural, non seulement l’offre est rare mais les politiques culturelles structurées le sont encore plus. Seules les intercommunalités permettent des actions et la construction d’équipements. Mais au-delà de rares conservatoires, dans cette situation, les salles des fêtes ou les gymnases jouent très souvent le rôle de lieux culturels.
Il existe bien ça et là de grands festivals estivaux, des parcs d’attraction à vocation touristique mais, épars, ils sont plutôt pris en charge par les Départements et les Régions et apparaissent décalés par rapport aux attentes culturelles locales. À l’année, l’offre culturelle se limite bien souvent à une fête de village, aux traditionnels feux d’artifices et repose largement, lorsqu’elle existe, sur le bénévolat des habitants.
Reste la situation des villes françaises hors Ile-de-France et si des nuances importantes existent entre les villes moyennes et les grandes métropoles, entre les centres et les périphéries, c’est bien là que...
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