La présidente de Région, Christelle Morançais, pourrait baisser de 73 % les subventions culturelles, mettant en péril la survie de nombreuses structures locales. Enquête.
«C‘est Wauquiez, en pire. » La référence qui circule dans le monde culturel de la Région Pays de la Loire n’est ni fortuite ni usurpée. Au printemps 2022, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes avait brutalement annoncé des coupes claires dans les subventions accordées à de nombreux établissements culturels de premier plan (Opéra de Lyon, villa Gillet, Festival Lumière, Comédie de Saint-Étienne, Théâtre Nouvelle Génération…). Cet automne, son homologue des Pays de la Loire, Christelle Morançais (Horizons), va plus loin. Beaucoup plus loin. La présidente de Région a décidé de réaliser 100 millions d’euros d’économies sur son budget général en 2025 – 40 à la demande de l’État, 60 de sa propre initiative. À l’Hôtel de Région, on murmure même que certains de ses conseillers travailleraient sur une hypothèse de réduction de budget pouvant aller jusqu’à 150 millions d’euros.
À ce niveau-là, personne n’est épargné. Ce mardi 19 novembre, les employés des différentes directions du Conseil régional ont appris que cent postes – soit l’équivalent de 10 % des effectifs – ne seraient pas remplacés d’ici la fin de l’actuel mandat. Mais les coupes les plus drastiques sont réservées au budget de la culture, des sports et de la vie sociale. Selon nos informations, qui recoupent celles des syndicats professionnels de salariés et d’employeurs du secteur, les baisses pourraient atteindre – 73 % pour la culture et – 74 % pour le sport. Des montants records. Cette semaine, l’exécutif régional aurait également confirmé que les 2,6 millions d’euros qui n’avaient pas encore été engagés sur le budget 2024 étaient gelés. « Face aux contraintes budgétaires, la Région assume de se recentrer sur ses compétences obligatoires [transports, lycées, formation professionnelle, aménagement du territoire, développement économique, ndlr] », s’est justifiée dans un tweet la vice-présidente du Conseil régional en charge de la culture, Estelle Leroy.
"La culture serait donc un monopole intouchable ? Le monopole d’associations très politisées, qui vivent d’argent public."
Christelle Morançais
Sur place, c’est l’incompréhension et la colère. « C’est un cauchemar, l’exécutif surjoue la nécessité de réaliser des économies. Il y a dans cette attitude un parti pris idéologique de s’attaquer à la subvention publique et d’associer volontairement la culture à un repaire de gauchistes », s’emporte le responsable d’une importante manifestation nantaise. « Les coupes pourraient être telles que certaines structures seraient en péril dès 2025, entraînant un vaste plan social territorial dont les répercussions dépasseraient le périmètre de la Région. Des milliers d’emplois sont menacés », dénonce dans un communiqué commun une quinzaine de syndicats professionnels.
Christelle Morançais, elle, reste droite dans ses bottes, déclarant dans un tweet sur X : « Certains à gauche (ce qui est naturel) et dans la presse (ce qui l’est moins) assimilent les économies que la Région envisage de réaliser […] à un “choix” ou une “initiative”, faisant croire que je me livrerais à une sorte de caprice gestionnaire. […] Faire des économies de fonctionnement, y compris de façon drastique, relève de tout sauf d’un choix ou d’un caprice : c’est une nécessité budgétaire. […] Le seul véritable choix que j’exerce dans cette affaire, et que j’exerce à fond, c’est d’assumer totalement ces économies. » Puis contre-attaque...
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