En dépit du décret du 29 octobre qui l’interdit, le maire Rassemblement national de Perpignan, Louis Aliot, a ouvert les quatre musées de sa ville. Un engagement soudain en faveur de la culture et des artistes ?
Lorsque Étienne Stoskopf, préfet des Pyrénées-Orientales, a appris lundi soir que le maire (RN) de Perpignan, Louis Aliot, entendait rouvrir les quatre musées de sa ville, il a aussitôt entrepris de contester cette décision a priori illégale, puisque le décret gouvernemental du 29 octobre 2020, toujours en application sur tout le territoire, interdit l’accueil du public dans les lieux culturels, dont les musées.
La préfecture des Pyrénées-Orientales a saisi la justice pour casser les quatre arrêtés pris par le maire, et c’est désormais à un magistrat qu’il reviendra de juger d’abord le référé-suspension, puis l’affaire sur le fond, dans un deuxième temps. La procédure est moins urgente que le référé-liberté récemment porté par plusieurs professionnels du spectacle vivant devant le Conseil d’État, qui disposait alors de quarante-huit heures pour statuer. Dans ce cas, l’audience a été fixée au lundi 15 février prochain, à 11 heures.
En attendant, c’est un casse-tête administratif qui se joue à Perpignan : les directeurs du musée Hyacinthe Rigaud, de la Casa Pairal, du musée des Monnaies et Médailles Joseph Puig et du Muséum d’histoire naturelle peuvent rouvrir leur portes, ce qu’ils font – gratuitement – depuis le mardi 9 février. Selon la mairie, au premier jour, quelque deux cent trente personnes avaient ainsi visité l’exposition « Portraits de reines de France (1630-1665) » du musée Hyacinthe Rigaud, tandis qu’au Muséum d’histoire naturelle, on accueille sur rendez-vous dix visiteurs par heure, avec masque obligatoire en respectant dix mètres carrés par personne, et fermeture à 17 heures. Mais si les directeurs ne risquent pas d’être verbalisés, les visiteurs du musées sont bien passibles d’une amende de 135 euros au titre du décret du 29 octobre, nous confirme le tribunal administratif de Montpellier.
Pied de nez à Roselyne Bachelot
On avait jusqu’ici rarement entendu le Rassemblement national monter au front pour défendre la culture et les artistes. Difficile, donc, de voir dans cette action éclair autre chose qu’un beau coup médiatique assorti d’un pied de nez du maire de Perpignan à la ministre de la Culture. Lundi matin, Roselyne Bachelot déclarait en effet qu’elle travaillait à une « réouverture [des musées et monuments] le plus rapidement possible », répondant ainsi aux initiatives – tribune, pétition, interpellations – qui se multiplient depuis début février pour réclamer, comme dans plusieurs régions d’Italie, une réouverture des lieux d’art et de patrimoine.
Une réunion se tenait d’ailleurs lundi, destinée à entériner des pistes concrètes de réouverture sur lesquelles se sont accordés directeurs et représentants d’établissements publics, de musées privés, de centres d’art et lieux d’art contemporain : augmentation de la jauge à 10 mètres carrés par visiteur (contre 4, puis 8 précédemment), ouverture en semaine ainsi que le week-end, désignation de référents anti-Covid parmi les équipes, communication incitant à installer l’application TousAntiCovid...
Toutefois,...
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