Le Syndeac, principal syndicat d’employeurs du secteur, va distribuer aux spectateurs un billet factice de 100 euros. Objectif de sa campagne ? Dénoncer l’idée, promue par certains politiques, qu’augmenter le tarif des tickets les sortirait de la crise.
Députés et sénateurs ont reçu cette semaine un drôle de billet de théâtre. La pièce s’intitule Hors de prix !, clin d’œil au tarif d’entrée exorbitant affiché plus bas : 100 euros. Ce billet factice sera prochainement distribué aux spectateurs à l’entrée des théâtres et festivals pour les sensibiliser à la situation financière tendue du spectacle vivant public, pris en étau entre les hausses importantes de ses dépenses dues à l’inflation et la stagnation ou la baisse de ses subventions.
Si les milieux culturels sont parfois prompts à crier au loup, ils ont cette fois de bonnes raisons de s’inquiéter. Quelque 45 % des structures culturelles labellisées par le ministère de la Culture (théâtres, centres chorégraphiques, scènes de musiques, orchestres, opéras… ) ont fini 2023 en déficit. Une première. La grande majorité d’entre elles réussiront à passer le cap de cette année en mobilisant leurs réserves financières, en économisant partout où elles le peuvent et, pour certaines, en diminuant le nombre de leurs spectacles. Un présent frustrant sur le plan de la création et déjà difficile à vivre pour nombre d’artistes, mais l’avenir pourrait se révéler bien pire si la situation financière se dégradait encore car, cette fois, il n’y aura plus de fonds de tiroir pour combler les déficits.
Une injonction
Face à cette situation, Bercy et de nombreux élus font pression pour que les lieux de culture augmentent le prix de leurs spectacles. Sur le papier, le raisonnement paraît limpide : puisque l’argent manque, faisons payer le public. Dans la réalité, cette réponse à la crise a tout de la fausse solution, et c’est précisément ce que dénonce le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) avec cette campagne du billet « Hors de prix ! ». Cette injonction à la hausse des tarifs démontre en effet une méconnaissance préoccupante du modèle économique des lieux publics du spectacle vivant, pour qui la billetterie ne représente qu’une part très minoritaire d’un budget, essentiellement alimenté par les subventions.
Dès lors, augmenter le prix des billets n’a qu’une incidence marginale sur les recettes mais risque de laisser pour compte la part du public la plus fragile sur le plan économique.
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