Emmanuel Macron a annoncé vouloir mettre en place une contribution sur les ventes d’ouvrages de seconde main. Ce qui risque de pénaliser les foyers les moins aisés et les étudiants, sans vraiment donner d’oxygène aux auteurs.
L’idée de taxer les livres refait surface. Lors de sa visite au Festival du livre de Paris, qui s’est achevé dimanche 14 avril, Emmanuel Macron a annoncé vouloir « mettre en place au moins une contribution » sur le marché des livres d’occasion afin « de protéger le prix unique et [de] permettre à nos auteurs, éditeurs et traducteurs aussi d’être mieux aidés ». Il a laissé à Rachida Dati, ministre de la culture, le soin de faire des annonces sur ce sujet avant la fin du salon. Elles étaient toujours attendues mardi 16 avril au matin.
Aux yeux du président de la République, « le livre d’occasion, quand il est fléché par certaines plates-formes », peut permettre de contourner le prix unique. Il a fait sienne la vision du Syndicat national de l’édition (SNE), pour qui le marché du livre de seconde main devient un concurrent déloyal quand des ouvrages en état neuf sont mis en vente à un prix inférieur à celui pratiqué en librairie, en grande surface, et dans les magasins Fnac ou Cultura.
Dans l’émission « Soft power », sur France Culture, dimanche 14 avril, Vincent Montagne, le président du SNE, a précisé qu’une telle taxe ne viserait que les plates-formes « industrielles » − comme Momox, Amazon, Rakuten, ou eBay −, mais en aucun cas les brocanteurs, les bouquinistes ou Emmaüs. Ces géants de la distribution auront beau jeu d’attaquer cette nouvelle taxe si elle ne s’applique pas à tous.
« Quelques centimes d’euro par livre »
« Le marché du livre d’occasion est devenu un secteur dans le secteur », a expliqué Vincent Montagne, détenu par de « grands acteurs internationaux qui ne paient pas d’impôts en France ». Cette nouvelle taxe envisagée à hauteur de 3 % sur chaque livre d’occasion ferait l’objet « de discussions juridiques françaises et européennes ». Elle ne représenterait que « quelques centimes d’euro par livre et ne devrait donc pas changer le fait d’acheter ou de ne pas acheter un livre », a-t-il ajouté.
Selon une étude du ministère de la culture et de la Société française des intérêts des auteurs de l’écrit (Sofia), publiée le 10 avril, le livre d’occasion, qui progresse chaque année, représentait en 2022 près de 20 % des exemplaires achetés et moins de 10 % de la valeur du marché.
Cet engouement tient très prosaïquement, selon cette étude, à des raisons pécuniaires, en ces temps de forte inflation et de hausse des prix des ouvrages. De façon marginale, ces achats de seconde main sont aussi motivés par des raisons écologiques. Par ailleurs, « le nombre d’acheteurs de livres d’occasion a augmenté, à l’inverse du nombre d’acheteurs de livres imprimés neufs », soulignent les auteurs de l’étude.
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