Enquête. 1981-2021, la culture en héritage (1/6). Quarante ans après l’arrivée de la gauche au pouvoir, « Le Monde » revient sur les conséquences à long terme, dans le domaine culturel, de ce basculement politique. Dès l’origine, le président et son emblématique ministre, aux styles opposés, ont pris les choses en mains.
Drôle de couple. Quand ils arrivent au pouvoir, le 10 mai 1981, François Mitterrand a 64 ans, un côté « IVe République », le cheveu rare et plaqué, le regard impénétrable, le verbe ciselé. Jack Lang a 41 ans, la tignasse bouclée, le corps sec, le costume clair avant la chemise rose ou le col Mao, le sourire éclatant, la formule ronflante. Le premier aime les livres et les marches solitaires. Le second participe à la première Gay Pride parisienne quelques semaines avant la victoire socialiste à l’élection présidentielle. C’était il y a quarante ans.
Ils n’ont rien à faire ensemble, sauf qu’ils ont une passion partagée : la culture. Mieux : ils veulent la révolutionner. Ça tombe bien, ils sont complémentaires, entre ancien et nouveau monde, patrimoine et création. « Mitterrand est imprégné de littérature classique, Lang de théâtre d’avant-garde », confirme l’ancien ministre de la culture Jean-Jacques Aillagon. A l’aube de la victoire, Mitterrand, qui partage la vie d’Anne Pingeot, alors conservatrice des sculptures au...
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