Quinze maires dont Delphine Bürkli (9earrondissement de Paris) et Christian Estrosi (Nice) demandent au gouvernement de les laisser expérimenter la réouverture des lieux culturels pour faire du printemps 2021 «celui de la reconquête du public».
Depuis le début de la crise sanitaire, les politiques publiques ont légitimement mis l'accent sur la réponse sanitaire et favorisé le maintien des services «essentiels», certains ajouteront «au détriment de la culture».
Nous ne souhaitons pas alimenter la polémique sur le caractère essentiel de l'art au sein de la société. Sa place est une évidence. Elle est universellement reconnue. L'accès à la culture est même un droit fondamental inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme ainsi que dans la Déclaration universelle de l'Unesco sur la diversité culturelle. Autrement dit, la culture est vitale pour le bien-être de tous.
Malgré les mesures conséquentes de soutien et d'accompagnement mises en place par le ministère de la Culture en faveur des différents secteurs culturels (dispositifs de soutien aux professionnels, aides aux employeurs culturels, soutien aux librairies et aux disquaires), les répercussions sociales, économiques et politiques du confinement puis des fermetures d'établissements risquent d'affecter durablement les activités et métiers artistiques.
Plus nous retardons la reprise, plus nous mettons la culture en danger !
Le Conseil d'État s'est d'ailleurs positionné en ce sens dans une ordonnance du 23 décembre dernier. Le juge administratif, au titre de la liberté de création artistique et celle d'accès aux œuvres culturelles, a ainsi indiqué qu'il serait disproportionné et manifestement illégal d'attendre la fin de l'épidémie pour rouvrir les lieux culturels.
«Ciment républicain»
La société entière est aujourd'hui consciente des risques que comporte la situation actuelle: l'absence d'interactions, en particulier chez les jeunes et les plus âgés, a des effets psychologiques dévastateurs ; les problèmes économiques de certains professionnels les rendent également très vulnérables.
Dans ce contexte de précarité sociale, d'isolement et de perte de sens, la culture doit pouvoir jouer son rôle de ciment républicain. Elle doit aider nos concitoyens à se relever d'un traumatisme auquel nous n'étions absolument pas préparés.
Il n'y a pas de fatalité, il y a une opportunité. Car la culture est une de nos plus précieuses richesses. Elle est notre supplément d'âme. Elle fait partie de notre patrimoine depuis des siècles et nous pouvons être fiers d'avoir contribué à son développement universel.
Sous l'impulsion de Roselyne Bachelot, elle occupe une place centrale dans le plan de relance du gouvernement car elle est un moteur économique, source d'attractivité et de diversité.
La mondialisation et la transition numérique avaient déjà mis en évidence la nécessité d'adapter les politiques culturelles et les modèles économiques. La crise sanitaire a accéléré ce mouvement et fait émerger de nouvelles pratiques.
L'échelon local a su porter des initiatives tout au long de cette période inédite, telles que l'organisation d'expositions dans des centres commerciaux à Charleville-Mézières, l'adaptation d'un festival à Angoulême, l'accueil d'artistes en résidence au théâtre de Saint-Germain-en-Laye, l'ouverture de la Mairie du 9e arrondissement de Paris aux compagnies de théâtre et aux formations orchestrales pour des répétitions et des masterclasses, ou encore le plan pour l'éducation artistique et culturel dans les écoles de Nice.
La culture renaîtra au sein de ses laboratoires d'idées et grâce à notre capacité d'innovation et d'expérimentation.
Pour accompagner progressivement les activités, tout en restant vigilants et responsables, nous souhaitons impulser et déployer des actions expérimentales sur nos territoires, dans nos musées, nos théâtres, cinémas, salles de concert et d'expositions, encadrées par des protocoles sanitaires. Nous souhaitons...
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