Combien de festivals se dérouleront cet été ? Le secteur des musiques actuelles s’interroge après le cadre fixé jeudi après une réunion avec la ministre de la Culture Roselyne Bachelot : 5000 personnes assises maximum.
Les organisateurs du festival des Eurockéennes à Belfort hésitent encore
« On est sous le choc, dos au mur », lance Jean-Paul Roland, directeur du festival des Eurockéennes et représentant du Prodiss (Syndicat national des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle dans le privé). « Le festival We Love Green (en région parisienne en juin) a sondé ses festivaliers: les réponses sont claires, 85% des sondés ont dit qu’ils ne viendraient pas si c’était un festival assis », poursuit-il. Les Eurockéennes, rendez-vous prévu début juillet, avaient rassemblé 128 000 personnes en 2019 (il ne s’était pas tenu en 2020 comme la quasi-totalité des festivals de musiques actuelles).
« C’est 5000 personnes, assises, et avec distanciation, sans distinction entre plein air et intérieur! Ca veut dire qu’il faut des gradins de 10 000 places… », déplore encore le patron des « Eurocks ». « Aux Eurockéennes, nous ne prenons pas de décision précipitée, à chaud, nous allons nous revoir avec d’autres festivals », ajoute Jean-Paul Roland. Son festival a déjà annoncé sa programmation, qui comporte des têtes d’affiches internationales comme Muse, DJ Snake ou Massive Attack. « Avec 5000 personnes, c’est impossible, quel artiste accepterait ? Et puis aux Eurocks, le spectateur n’est pas là pour être assis et voir un concert. Il est là pour un moment de vie. C’est ça qui est exclu avec la décision du ministère », regrette encore l’organisateur. Et de citer « l’Espagne et les Pays-Bas » où les évènements culturels reprennent, alors que « le message en France c’est +espoir bouché+ », estime le boss des Eurockéennes.
Le festival des Vieilles Charrues (allégé) espère pouvoir passer en configuration debout si la situation sanitaire le permet
Le festival des Vieilles Charrues (270 000 spectateurs en 2019) jouera le jeu en revanche. « On s’adapte. Ce ne sera pas un été silencieux à Carhaix (commune bretonne où se déroule l’évènement), ce sera l’été des retrouvailles », confie son directeur Jérôme Tréhorel, qui a annoncé ce matin que le festival proposera 10 concerts du 8 au 18 juillet. « Je craignais beaucoup qu’il n’y ait pas d’annonce du tout ou que les festivals d’été soient interdits », dit-il. Et de voir le verre à moitié plein: « Nous pourrions très bien passer en configuration debout si la situation sanitaire s’améliorait ». Quand Jean-Paul Roland pointe le verre à moitié vide: « On nous a fait comprendre que ce pourrait être plus strict si la situation se dégradait ».
« On en sait un peu plus pour le cadre général, mais il reste des zones de flou. Ce qui est sûr c’est que la saison des festivals 2021 ne sera pas comme les autres », juge Aurélie Hannedouche du Syndicat des musiques actuelles (Sma) qui pointe parmi les zones grises la question de l’autorisation des zones bar/restauration qui dépendra de la réouverture « dans le secteur de la restauration ». « Nous avons envie d’organiser nos festivals cet été, mais pas à n’importe quel prix. Nous attendons une parole forte du Président ou du Premier ministre qui s’engage sur la reprise du secteur culturel », insiste encore la responsable du Sma.
30 millions d’euros débloqués pour accompagner les festivals
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