Réunissant des responsables d’institutions, la ministre de la culture Roselyne Bachelot a envisagé cette possibilité, avec des conditions de visite durcies.
Fermés depuis le 30 octobre 2020 pour éviter une nouvelle vague épidémique, les musées et monuments accueillant du public n’ont jamais été aussi près de la réouverture. C’est en tout cas ce que la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a affirmé, lundi 8 février, à une trentaine de responsables d’institutions culturelles conviés à une réunion en visioconférence.
Dès qu’une « décrue » de l’épidémie sera engagée, « les musées et les monuments seront les premiers convoqués à la réouverture », a-t-elle assuré aux présidents du Louvre et du Musée d’Orsay (Paris), du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem, Marseille), du Musée des confluences (Lyon) et du Palais des Beaux-Arts de Lille.
Reste à savoir ce que l’exécutif entend par « décrue ». En novembre 2020, Emmanuel Macron avait fixé à 5 000 nouvelles contaminations par jour le seuil permettant au pays de reprendre un semblant d’activité normale. On en est encore très loin : environ 20 000 nouveaux cas positifs sont enregistrés chaque jour.
Consciente du risque, Roselyne Bachelot a obtenu que la réouverture des musées ne soit pas conditionnée à ce seuil, mais à la « dynamique de contamination » et à la « pression hospitalière ». Autrement dit, c’est le ministre de la santé, Olivier Véran, qui donnera ou non le feu vert. Lundi, il a d’ailleurs participé à la réunion avec les responsables de musées, ce qui est perçu comme un signal positif rue de Valois, même s’il est difficile d’anticiper l’évolution de l’épidémie.
Selon Roselyne Bachelot, cette réouverture ne pourrait, de toutes façons, pas intervenir avant « une quinzaine de jours ». C’est le temps nécessaire, affirme-t-elle, pour que les musées soient en mesure de rouvrir leurs portes dans des conditions compatibles avec une circulation du virus, même ralentie.
Nouveaux protocoles sanitaires
« Un musée, ça ne s’ouvre pas comme on allume la lumière dans une pièce. (…) Les directeurs nous ont dit qu’il fallait un délai entre trois jours pour les plus rapides et de quinze jours à trois semaines si l’on respecte (…) un certain nombre de procédures, a expliqué la ministre de la culture sur BFM-TV, lundi 8 février. Donc si on a une visibilité de trois à quatre jours, ce n’est pas possible. Il nous faut une visibilité sur une quinzaine de jours. »
De la même façon, pas question de rouvrir dans les mêmes conditions qu’en 2020, après le premier confinement. Selon le ministère de la culture, les musées doivent accepter de durcir les conditions de visite s’ils veulent accueillir de nouveau du public.
« Plusieurs choses ont été mises sur la table, comme l’inscription en amont des visites, les heures d’ouverture et de fermeture pour ne pas augmenter le flux des gens dans les transports, la création d’un référent Covid par établissement, la mise en valeur et l’incitation au téléchargement de l’application TousAntiCovid, la question des groupes scolaires, du week-end… », énumère une proche de Roselyne Bachelot. Jeudi 11 février, la ministre de la culture doit rencontrer le premier ministre Jean Castex pour préciser ces nouveaux protocoles sanitaires.
Les responsables de musée se disent en tout cas prêts à jouer le jeu. « L’été dernier, on avait accepté une jauge de 4 mètres carrés par personne pour ouvrir. En décembre, on a proposé 8 mètres carrés. Cette fois, on est prêts à monter jusqu’à 10 ou 12 mètres carrés par visiteur », assure le gestionnaire d’un grand musée.
Plus question de faire du « stop and go »
« On n’imagine pas rouvrir aux mêmes horaires qu’avant la pandémie, il faudra s’adapter avec le couvre-feu. Nous sommes prêts, nous avons un protocole sanitaire, la billetterie électronique pour contrôler les jauges, du gel, un circuit de circulation… », énumère Jean-Luc Martinez, président du Musée du Louvre, qui a vu sa fréquentation chuter de plus de 70 % en 2020 (2,7 millions de visiteurs contre 9,6 millions en 2019).
De la même façon, plus question de faire du « stop and go » un épouvantail. Jusqu’ici, les musées disaient préférer rester fermés plutôt que de devoir ouvrir pour quinze jours ou un mois puis de nouveau baisser le rideau pour cause de nouvelle envolée de l’épidémie.
« Malgré les contraintes que cela représente en termes d’organisation, il n’y a plus d’opposition sur ce sujet », affirme un participant à la réunion ministérielle. « Il faut une forme de cohérence : les musées ne peuvent rester fermés quand le reste du pays est ouvert. Tout le monde sait que l’art est bénéfique pour la santé, laissez-nous jouer notre rôle d’antidote pour le moral », plaide Emma Lavigne, présidente du Palais de Tokyo.
Cette priorité donnée aux musées et monuments n’est néanmoins pas du goût de tout le monde. Elles aussi confinées depuis plus de cent jours, les salles de cinéma et de spectacle voient la perspective d’une réouverture s’éloigner un peu plus chaque jour.
Le spectacle vivant devra attendre
Sans parler des festivals, qui n’ont aucune visibilité et sont progressivement contraints de reporter, voire de supprimer, leur prochaine édition. Le 5 février, les organisateurs du festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez (Isère) ont ainsi annoncé l’annulation de leur manifestation 2021, déjà reportée de janvier à mars, regrettant « l’absence actuelle de perspectives données au monde culturel et au secteur de la montagne ».
Pour les artistes du...
Lire la suite sur lemonde.fr