Le 4 avril dernier, le ministère de l’économie annonçait des baisses conséquentes de subventions pour des grandes institutions théâtrales, musicales et muséales. Une mise en péril d’un service public.
À quelques semaines du lever de rideau sur les festivals d’été, qui du théâtre à la danse, de la performance au cirque, de l’art à la musique, traduisent la vitalité en France du spectacle vivant et de la création contemporaine, le sens de la fête risque d’être affecté par un sentiment d’inquiétude généralisé : l’État sonne la fin de la “party”, en activant ce que Pierre Bourdieu appelait “la main droite de l’État” (jamais généreuse avec le culturel et le social).
En annonçant le 4 avril dernier des baisses conséquentes de subventions pour des grandes institutions théâtrales, musicales et muséales (Comédie française, Théâtre national de la Danse-Chaillot, Théâtre de la Colline, Louvre, Philharmonie, Opéra de Paris…), Bercy contraint le ministère de la rue de Valois à faire plus de 200 millions d’euros d’économies, dont 99,5 millions d’euros sur le patrimoine et 96 millions d’euros sur la création. 10 % du budget de la création (doté d’un millard) va être ainsi amputé. Ce qui, observe le Syndicat des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), va impacter l’ensemble de l’activité culturelle en France, dont l’emploi des artistes et des technicien·nes. Certes, pour le moment, les scènes nationales et les centres dramatiques nationaux semblent passer à travers les gouttes du dessèchement annoncé. Mais tous·tes les directeur·trices de théâtre, de compagnies, de collectifs, de centres de création…, déjà affecté·es par la hausse des coûts de l’énergie, l’inflation et les charges financières de plus en plus pesantes, mesurent bien à quoi iels seront tenu·es dans les mois à venir : la diète, sur les cendres de la fête. Les publics curieux des formes aventureuses et de la jeune création en subiront probablement les effets. Car des millions d’euros d’économies imposés signifient à terme moins de créations, moins de prises de risque artistique, comme le regrettait le directeur de la Colline, Wajdi Mouawad, le 2 avril sur France Inter.
La mise en péril d’un service public de la création
Au-delà du spectacle vivant, ce régime sec touche aussi les centres d’art. Et même les écoles d’art, depuis que la ministre de la Culture Rachida Dati a estimé qu’il fallait tailler dans leur “jungle”.
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