Après les récentes annonces de la ministre de la Culture, limitant à cinq mille personnes assises et distanciées la jauge des festivals d’été, le secteur, par la voix de son syndicat le Prodiss, déplore une nouvelle fois le manque de visibilité et l’absence d’une stratégie de reprise. Pendant ce temps, certains de nos voisins européens s’organisent…
Pourquoi les salles de spectacle, comme tous les lieux culturels en France, restent-elles inexorablement fermées ? La question ne cesse d’être ressassée, semaine après semaine, mois après mois, dans les rangs des producteurs du spectacle vivant et au-delà, alors que les salles de concert n’ont quasiment jamais rouvert depuis bientôt un an.
À l’approche de ce funeste anniversaire, le Prodiss, syndicat regroupant les plus gros producteurs de spectacles et festivals français (Live Nation, Rock en Seine, We Love Green…), mais aussi des acteurs plus modestes, a une nouvelle fois pris la parole dans un communiqué adressé au président de la République, dans lequel il réitère, au milieu d’une tirade sur la jeunesse spoliée de ses festivals d’été, son incompréhension face à l’absence d’un calendrier de reprise.
Un appel baptisé #RebranchonsLaCulture, réunissant une trentaine d’organisations de la musique mais aussi du théâtre ou du cinéma, a été lancé dans la foulée, pour mettre fin à ce qu’ils appellent « l’éternel “stop and go” des autorités » – plutôt un grand flou, en fait – depuis le début de la pandémie, qui impose de naviguer à vue en permanence.
« On déplore encore une fois ce manque de visibilité, et une stratégie qui ne prend pas en compte la vie avec le virus, regrette Olivier Darbois, président du Prodiss. Aucune stratégie n’a été imaginée ou validée par l’État depuis un an, qui s’est cantonné à des interdictions. Or, on ne peut pas rester fermé deux ans, c’est impossible pour notre secteur. Il nous faut absolument un scénario de reprise, car le virus ne va pas disparaître du jour au lendemain. »
L’Italie, l’Espagne ou l’Angleterre en avance
D’autant qu’à l’étranger, malgré des situations épidémiques parfois plus critiques qu’en France, les choses s’organisent. En Italie, les musées ont rouvert dans plusieurs régions. En Espagne, certains théâtres, cinémas et salles de spectacle n’ont pas fermé depuis le mois de juin 2020, accueillant du public avec des protocoles stricts (distanciation, port du masque), sans provoquer de vagues de contagion. Un scénario de reprise progressive, tel que voulu par les producteurs français, vient même d'être annoncé en Angleterre par Boris Johnson, avec une date de réouverture de tous les lieux de concerts fixée au 21 juin. L’avancement de la campagne de vaccination anglaise n’est sans doute pas étranger à ce plan, mais il tranche avec la situation française.
« Évidemment, nous avons bien conscience que le redémarrage doit être graduel, avec des caps, plaide Olivier Darbois, mais nous sommes des professionnels de l’accueil, et, à ce titre, l’État doit nous faire confiance dans l’application des protocoles sanitaires, définis en lien étroit avec les autorités compétentes, l’AP-HP et l’Inserm notamment. »
Des concerts-tests ambitieux, mais qui tardent
L’immense espoir du secteur repose sur l’accélération de la campagne de vaccination ainsi que sur les concerts-tests, dont on entend parler régulièrement depuis le début de l’année, mais qui n’ont toujours pas été autorisés par les préfectures, à Paris comme à Marseille. « On espère qu’ils auront lieu d’ici à fin avril. » L’idée étant d’aller plus loin encore dans l’expérimentation que ceux réalisés en Allemagne ou à Barcelone en décembre, avec une jauge debout, sans distanciation mais masquée à hauteur de cinq mille personnes (contre cinq cents en Espagne), en intérieur.
Des expériences qui pourraient...
Lire la suite sur telerama.fr