Des musiciens dans des salles vides, le public connecté, chacun dans son salon. Né pendant le confinement du printemps 2020, le livestream, à l’heure du tout-écran, semblait promis à un bel essor. Mais la recette ne convainc pas vraiment.
Début décembre, Matt Pokora se produisait en direct de La Seine musicale, devant ses fans qui suivaient le show sur la plateforme Inlive Stream après avoir acquis vingt mille billets coûtant entre 25 et 50 euros (le package VIP permettait de voir les coulisses, changer les angles de caméra et discuter avec l’artiste). De même, à l’Olympia, la soirée New Live Experience (avec Gims, Vitaa, Amel Bent, Dadju, Slimane et Franglish) était retransmise en ligne, le 6 février, pour un ticket entre 24,99 euros et 29,99 euros. Appuyée sur ses têtes de gondole, l’industrie s’est-elle trouvée un nouveau modèle économique ? La perspective ne rassure pas le réseau des salles parisiennes petites et moyennes, pas plus que leurs musiciens et habitués, pour qui le livestream reste un pis-aller.
Près d’un an après son apparition, le hashtag #OnResteOuvert continue donc de se heurter à des portes fermées. Alors que quelques salles ont accueilli du public assis dans l’intervalle des deux premiers confinements, seul le livestream les ranime aujourd’hui. Ainsi, après avoir subi deux annulations du concert de sortie de son dernier album, le guitariste de jazz Sylvain Luc s’est récemment produit au Studio de l’Ermitage en totalisant vingt mille vues sur les réseaux des principaux partenaires. Un livestream gratuit, qui n’a rien rapporté, s’agissant d’une opération promotionnelle. « C’est exceptionnel, et je ne veux pas habituer le public à la gratuité, prévient Sylvain Luc. Je crois au payant – c’est ce qui nous fait vivre. » Des plateformes existent à cet effet, comme RecitHall, créée en juin par quatre musiciens de classique, dont Didier Nguyen pour qui « le public est prêt à payer », en moyenne 12 euros la connexion. RecitHall propose son soutien technique en termes de billetterie, captation et diffusion à des livestreams ayant pour cadre la salle Cortot ou le collège des Bernardins. Par exemple, le musée Guimet accueille la soprano Marie Perbost et la pianiste Joséphine Ambroselli, le 19 février à 19h30, au profit du Centre international Nadia et Lili Boulanger.
Montrer signe de vie
Lancé en novembre, le programme Open Stage, d’Arte Concert, entame sa deuxième saison « dans le double objectif de soutenir les artistes et de soutenir les salles », dixit José Correia. Le responsable d’Arte Concert raconte que le New Morning, le Trabendo, la Bellevilloise, le 360 Music Factory ou la Boule Noire ont été « hyper enthousiastes à l’idée de rouvrir leurs portes de façon symbolique », pour que soient filmés des concerts de Bonnie Banane, Philippe Katerine ou Tim Dup. Même si certains...
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