
Sur fond de réduction budgétaire, le directeur du Théâtre de la Cité à Toulouse, Galin Stoev, écourte d’un an et demi le mandat qui devait le mener jusqu’en 2027.
Galin Stoev, directeur du Théâtre de la Cité à Toulouse, quittera ses fonctions à l’été 2026. Soit plus d’un an avant le terme du troisième et dernier mandat qu’il devait accomplir, jusqu’au 31 décembre 2027, à la tête du Centre dramatique national de Toulouse Occitanie. Un départ avant l’heure qui n’est pas sans rappeler ceux, également anticipés, de Stéphane Braunschweig à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, de Wajdi Mouawad au Théâtre national de la Colline, de Jean Bellorini au TNP de Villeurbanne (Grand Lyon).
Enchaînées à un rythme soutenu, ces défections commencent à ressembler à une hémorragie dont on ignore les capacités d’extension. Nommé en 2018 à Toulouse, Galin Stoev, metteur en scène bulgare, préfère quitter la place pour la laisser, dit-il, à « quelqu’un qui lui donnera un nouvel élan ». Façon polie d’expliquer à quel point son désir a été usé par des contraintes financières l’obligeant à sans cesse reformuler son projet à la baisse : « Celui pour lequel j’ai été choisi ne peut plus se faire tel que je l’ai pensé et rêvé. »
Sa faculté de réadaptation a atteint ses limites. S’il ne conteste pas la nécessité de réduire la voilure, il ne veut pas, non plus, « être le témoin de la disparition programmée » de ce qui a été construit en sept ans. Il n’a pas davantage l’envie de poursuivre un dialogue de sourds avec des tutelles qui perdent de vue, à l’en croire, la nécessité de la création, ce cœur battant des centres dramatiques nationaux et la raison d’être historique de la décentralisation théâtrale.
De 2023 à 2025, les subventions publiques (fruit d’un financement croisé entre Etat, métropole, ville, région Occitanie et département de la Haute-Garonne) dont bénéficie le Théâtre de la Cité ont diminué de 473 000 euros, passant de 5,1 à 4,6 millions d’euros. Un montant ponctionné à 57 % par les salaires, 10 % pour les charges de structure, 17 % pour le bâtiment et dont 16 % seulement sont désormais disponibles pour la marge artistique (contre 24 % en 2023). Trop peu pour maintenir à flot, sans en passer par de sombres sacrifices, l’activité de la maison.
Libéralisme croissant
Arrêt de La Biennale (festival international des arts vivants qui fédérait, depuis 2019, trente-neuf lieux de la métropole toulousaine), diminution des coréalisations (ce qui entraînera, par un effet de domino, la précarisation, voire la mort, de compagnies en quête de partenaires), augmentation des tarifs de billetterie : ces mesures figurent parmi les solutions d’avenir. Sans compter une réduction de 10 % de la masse salariale favorisée par l’incitation aux départs à la retraite et le non-renouvellement des postes. « Je ne mettrai personne à la rue, c’est une limite que je ne franchirai pas », souligne Stoev pour qui la question des licenciements n’est pas (encore ?) à l’ordre du jour.
« Ce qui est dingue, c’est que le théâtre a un taux de remplissage de 95 % et que, vu de l’extérieur, tout a l’air d’aller bien, s’insurge le metteur en scène, mais les responsables politiques qui doivent faire des économies n’ont en tête que des problématiques comptables. » Aujourd’hui, les coupes opérées viennent de droite comme...
Lire la suite sur lemonde.fr