À la tête de l’Institut de santé globale à l’Université de Genève, Antoine Flahault rappelle que les études mondiales, les concerts tests, et même des événements interdits comme la rave fin 2020 en Bretagne montrent que les lieux de culture ne sont pas contaminants si les mesures sont respectées. Enfin des perspectives ?
Un an de fermeture, et toujours aucune perspective ni calendrier : en cette veille de printemps, alors que flotte dans l’air la crainte d’un troisième confinement, la culture a mauvaise mine. Artistes, professionnels du secteur, patrons de festivals… ils ont beau tirer la sonnette d’alarme, multiplier les tribunes, interpeller la ministre Roselyne Bachelot, battre le pavé ou occuper les théâtres, rien n’y fait. Entre mars 2020 et aujourd’hui, le public n’a retrouvé les salles que quelques semaines, de juin à octobre. Avant que le rideau retombe, sine die.
Plus personne n’ignore, toutefois, l’impact dramatique – qu’il soit économique, social ou psychologique – de la fermeture des établissements culturels, et le sentiment d’injustice qui rassemble salariés et indépendants, intermittents et étudiants, artistes et auteurs, abattus de voir rouvrir les librairies et les galeries d’art quand théâtres et musées demeurent inexorablement fermés, en dépit de l’élaboration de rigoureux protocoles sanitaires et la parution d’enquêtes scientifiques laissant penser qu’il n’est pas plus dangereux d’aller au spectacle que d’emprunter les transports. Qu’il semble lointain, l’exemple de la communauté de Madrid, où aucun foyer n’a été détecté depuis la reprise des activités culturelles en juin, et où l’on recense encore quinze événements par jour en moyenne.
Directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l’Université de Genève, auteur de Covid, le bal masqué (éd. Dunod, 240 p., 18,90 €), le Pr Antoine Flahault rappelle que différentes mesures – du port du masque à l’insertion d’entractes lors des représentations – contribuent à sécuriser les manifestations culturelles, et observe qu’à date aucun événement en extérieur n’a entraîné de cluster. Son approche scientifique est bienvenue à l’heure où les professionnels du secteur n’aspirent qu’à retourner au travail et à retrouver une vie – presque – normale.
Quelles sont les principales voies de transmission du Covid-19 ?
On en connaît trois. D’abord, la voie des aérosols : de petites gouttelettes de postillon (de moins de 100µm) que nous expulsons lorsque nous respirons, parlons, chantons, et qui peuvent flotter dans l’air plusieurs heures avant de retomber, surtout si l’air n’est pas, ou mal, renouvelé. On parle ensuite de voie directe, lorsque des postillons d’une taille supérieure à 100µm retombent au sol ou sur des surfaces planes, et contaminent ces dernières. Avant de retomber, ils peuvent éventuellement atteindre les narines, les yeux ou la bouche d’une personne et l’infecter. Il existe enfin la voie manuportée : on peut se contaminer si l’on touche une surface infectée de virus (poignée de porte, écran de smartphones…) et que l’on porte ses mains à ses yeux, narines ou bouche. D’autres voies de transmission existent, de l’animal à l’homme, ou par la nourriture, mais elles sont plus anecdotiques.
Des événements culturels ont-ils été à l’origine de contaminations, voire de clusters ?
Il est arrivé qu’à la suite de rassemblements culturels, après des répétitions de spectacle vivant ou des chorales, on recense des cas de Covid, des clusters, voire des décès. Cela s’est par exemple produit à Amsterdam, où cent deux des cent trente membres d’une chorale ont attrapé le Covid-19 après des répétitions et un spectacle, entre fin février et début mars 2020. L’une d’elles est décédée. De même au Japon, plus de trente cas ont été détectés en juin, et associés à la fréquentation de karaokés. En août, plus de cinquante cas, dont de nombreux...
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