L’article 25 de la proposition de loi relative à la sécurité globale vient d’être adopté, les policiers et gendarmes hors service et armés vont pouvoir pénétrer dans tout établissement recevant du public sans que les responsables de ces derniers puissent s’y opposer. Les syndicats de police saluent une avancée. Le monde de la culture pointe un véritable danger. Entre soirées trop arrosées et balles perdues, flingue à la ceinture et mouvement de foule, on fait le point.
Mondial de Handball, match Danemark-Suède à l’Accor Hotel Arena de Bercy, le 16 janvier 2017. Un père accompagné de sa fille patiente dans la file d’attente. Une fois devant les portiques de sécurité, il se penche vers l’agent en charge des fouilles pour lui signaler discrètement qu’il est armé. L’homme est un commandant de police hors service. Il présente sa carte professionnelle et demande à entrer dans l’enceinte sportive en tant que simple spectateur.
« Mettez vous sur le côté s’il vous plaît, je vérifie », lui enjoint, un peu décontenancé, l’agent qui appelle son responsable. Refus de ce dernier. On ne laisse pas entrer un homme en armes au milieu de milliers de personnes venues pour regarder un match de hand. Le gradé s’agace, il a payé son billet et justifie sa profession. On demande confirmation à la direction des opérations du stade. Refus catégorique. C’est la politique interne : pas d’armes à Bercy, que cela soit pour un match ou un concert. « On ne peut pas d’un côté, nous dire qu’on doit, pour essayer de protéger les citoyens au cas où, porter notre arme de service en toutes circonstances, et d’un autre côté, nous refuser l’accès partout où on est susceptible d’aller », s’était ensuite plaint au micro de France Info le commandant refoulé. N’en déplaise à ce dernier, en 2017 on pouvait encore lui refuser cet accès.
Depuis 2015 et les attentats du 13 novembre, si les policiers sont autorisés à porter leurs pistolets lorsqu’ils sont hors service, les responsables d’établissements recevant du public (ERP) peuvent leur dire non lorsqu’ils veulent entrer armés, que cela soit dans un stade, une salle de concert, une boîte de nuit mais aussi une crèche ou un centre de loisirs. Ils peuvent aussi l’accepter. Dans tous les cas, la décision leur revient. Mais cette règle pourrait changer à la faveur de la proposition de loi relative à la sécurité globale, qui vient d’être adoptée au Sénat, sans modifications, après avoir été votée par l’Assemblée il y a quelques mois.
« On a beaucoup entendu parler de l’article 24 qui interdit de filmer la police. Mais l’article 25 préoccupe beaucoup le monde de la culture », alerte Laurent Decès, directeur délégué du club parisien Petit Bain et président du syndicat des musiques actuelles (SMA). Aux termes de cet article, le code de la sécurité intérieure est ainsi modifié : « Le fait qu’un fonctionnaire de la police nationale ou un militaire de la gendarmerie nationale porte son arme hors service, dans des conditions définies par arrêté du ministre de l’Intérieur, ne peut lui être opposé lors de l’accès à un établissement recevant du public. » Cette disposition porte en elle le douloureux souvenir des attentats du 13 novembre 2015. Au Bataclan notamment, où trois fonctionnaires de police étaient dans la salle, non-armés. Aussi, l’objectif de la loi est...
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