La Cour des comptes épingle la politique de l'offre surabondante de la rue de Valois en matière de spectacle, déconnectée du souci de sa diffusion. Nombre de créations ne comptent que 3,7 représentations malgré l'existence de 1.300 lieux de diffusion.
L'Hexagone, terre bénie pour la création de spectacles… très peu joués. En ces temps de finances publiques exsangues, la situation frôle la gabegie, d'autant que le phénomène n'est pas nouveau, tranche un récent rapport de la Cour des comptes sur « Le soutien du ministère de la culture au spectacle vivant ». « En France, les spectacles tournent peu ou mal. C'est l'état de surproduction, résultat d'une absence de régulation, qui est la cause principale des difficultés de la diffusion des oeuvres », peut-on lire.
Le comble ? La France dispose d'« un maillage territorial extrêmement dense », rappelle la Cour, avec 1.300 lieux : scènes nationales, centres dramatiques et chorégraphiques nationaux, théâtres municipaux, pôles cirque, salles privées… Déjà, en 2004, un rapport demandé à Bernard Latarjet par le ministère de la culture, dénonçait ce phénomène. Mais aujourd'hui, la situation s'est aggravée et s'avère « préoccupante » selon les magistrats de la rue Cambon, qui dénoncent également un déficit de données fiables sur le sujet.
Mieux équilibrer
« La faible diffusion des spectacles et la difficulté à augmenter le nombre de représentations constituent le point faible de la politique publique de soutien au spectacle vivant depuis cinquante ans », déplore la Cour. Ainsi, en 2019, le nombre moyen de représentations pour un spectacle était de 3,7 dans un centre dramatique national (contre 7 en 2004) et de 2,3 pour une scène nationale. « Rien n'a véritablement été fait pour redéfinir l'équilibre entre création et diffusion ».
Comme si la création était soutenue sans obligation de toucher le plus large public possible, alors même que les scènes subventionnées rechignent à accueillir les spectacles du secteur privé qui a des difficultés à faire tourner ses productions. En cause : une ligne artistique trop éloignée de celle du secteur public… Pourtant, certaines frontières s'estompent, comme le prouve la pièce nominée aux Molières « Les gros patinent bien », jouée à la fois sur des scènes publiques et privées - avec le même succès.
Le vent tourne
La situation risque de ne pas perdurer. Les spectacles peinent à retrouver leur audience depuis la pandémie dans un paysage culturel saturé. L'Etat n'est par ailleurs plus le premier...
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