De brefs moments de bonheur mis en ligne, à l’initiative d’Élisabeth Bouchaud, directrice du Théâtre de la Reine blanche.
Sur le site Internet du Théâtre de la Reine blanche, des vidéos se déclinent en minutes artistiques, scientifiques et littéraires. Sollicités dès le premier confinement par la directrice, Élisabeth Bouchaud, les metteurs en scène, acteurs, auteurs et savants, tous complices de ce lieu consacré aux arts et aux sciences, rivalisent de créativité pour ne pas se faire oublier du public : « Nous ne voulions perdre le contact ni avec nos spectateurs ni avec les compagnies que nous accueillons. » Élisabeth Bouchaud n’impose qu’une contrainte : une durée maximale de deux minutes. Les pastilles se déploient librement : lectures en plan fixe devant la caméra, écriture de textes (celui de Faustine Noguès vaut le détour), performances décalées. Ainsi, l’annulation de sa représentation a incité Marie Rousselle-Olivier à se déguiser en chien aboyant dans les rues. Métaphore animale pour dire la colère de cette jeune autrice à l’heure où elle ne peut pas jouer.
La jungle numérique
« Certaines capsules n’ont pas de rapport avec le spectacle, mais elles en racontent plus sur la personnalité de l’artiste que ne le ferait un teaser. » Élisabeth Bouchaud balance entre enthousiasme et pragmatisme. Une apparition numérique ne remplacera jamais la présence humaine. D’ailleurs, avoue-t-elle, les artistes eux-mêmes accusent le coup depuis le confinement de novembre : « On sent une fatigue et, presque, un désespoir. »Mais la patronne de La Reine blanche ne baisse pas les bras. En scientifique aguerrie que stimulent les phénomènes inédits (elle est physicienne de formation), elle cherche comment plier l’outil digital au théâtre : « Peut-être sommes-nous en train d’apprendre une nouvelle manière de communiquer avec le public, qui serait plus efficace que le traditionnel collage d’affiches ? » s’interroge-t-elle en imaginant l’avenir. Dommage que son théâtre n’ait pas les moyens financiers d’en faire plus : « Nous sommes pénalisés, car la captation d’un spectacle en streaming exploserait notre budget. »
Le virtuel est une jungle où règne la loi économique. L’alternative numérique est moins démocratique qu’on ne l’aimerait. Malgré une programmation de haut vol qui n’a rien à envier aux saisons d’établissements subventionnés par la Ville de Paris, La Reine blanche est une structure privée où l’argent se dépense avec...
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