Les artistes les plus populaires privilégient aujourd’hui des concerts de plus en plus spectaculaires dans des enceintes gigantesques. En dépit de coûts vertigineux, la formule, bien partie pour durer, se révèle payante, autant en termes de notoriété que de recettes.
Quatre-vingt-dix camions. Ce cortège démesuré sera mobilisé pour acheminer le matériel des quatre concerts que la récemment milliardaire Taylor Swift donnera en mai à La Défense Arena. Un chiffre vertigineux qui illustre la course à la démesure à laquelle se livrent les stars planétaires dans leurs tournées des stades. A titre de comparaison, en 2019, la dernière tournée américaine des Rolling Stones n’avait utilisé «que» 45 poids lourds.
Au-delà de leur compétition technologique, les méga-concerts se distinguent aussi par leur multiplication. Le phénomène prend des proportions inédites comme l’illustrent les chiffres fournis par le Centre national de la musique (CNM). Ainsi, entre 2019 et 2022, le nombre de représentations dans les salles de plus de 6 000 places (concerts mais aussi variétés) a augmenté de 14 % (2020 et 2021 étant des années blanches pour cause de confinements). Le phénomène prend toute sa mesure quand on zoome sur le poids de ces gros concerts dans la billetterie. En 2013, ils représentaient 30 % des billets vendus, contre 42 % l’année dernière ! Une évolution somme toute logique puisque la part plus importante des recettes captée par les gros concerts est la conséquence de leur nombre plus élevé. Pas de changement en revanche du côté des petits événements (moins de 200 places) : en 2022 comme en 2013, ils représentent toujours 60 % des concerts. Se posent alors les questions de savoir pourquoi les méga-shows se multiplient et si cette tendance va perdurer.
Pour Angelo Gopée, le bouillant directeur général de la filiale française de Live Nation, le leader mondial californien du concert (pas loin de 20 milliards d’euros de capitalisation boursière), le succès des méga-shows n’est pas conjoncturel. Certes, après deux ans de cloisonnement les artistes se sont rués «sur la route» pour refaire leurs finances mises à mal par la parenthèse Covid.
Superproductions lucratives
Rappelons que leurs revenus se sont effondrés à cause de la crise du disque et que le niveau obscène des redevances du streaming ne compensera jamais les ventes «physiques». Pour gagner de l’argent, les artistes doivent donc...
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