Entre la dissolution provoquant des élections anticipées et les JO, c'est un été 2024 en pente douce pour beaucoup d'institutions et d'événements culturels. Certains musées et monuments espèrent un effet rebond au vu de la médiatisation de la capitale, mais pour le spectacle vivant, c'est plus compliqué.
Si le sport a suscité un élan supérieur aux attentes avec les Jeux olympiques et paralympiques, la culture en a fait les frais. Les musées parisiens ont vu leur fréquentation chuter de 25 à 35 % pendant la quinzaine des JO : - 22 % pour le Louvre, - 29 % pour le musée d'Orsay, - 28 % pour le Centre Pompidou, - 35 % pour le Musée d'art moderne de Paris, - 23 % pour le Quai Branly selon « Le Quotidien de l'art ». Un phénomène similaire avait été constaté à Londres en 2012 et à Rio en 2016. Petite consolation : à voir la médiatisation de ses abords au passage de la flamme olympique et l'engouement pour la vasque dans les Tuileries, le Louvre peut espérer un effet rebond, tout comme bien d'autres musées parisiens, la capitale ayant été abondamment filmée sous son meilleur jour. D'ailleurs, la Conciergerie ne désemplit pas depuis son apparition dans la cérémonie d'ouverture. Même ambition au Château de Versailles, où le parc a accueilli les 16.000 supporters des épreuves équestres tandis que la fréquentation des appartements plongeait de 25 % sur la période des Jeux par rapport à 2023.
Plus dure est la situation des théâtres parisiens où l'effet rattrapage est impossible. « Nous n'avons pas encore de remontées chiffrées précises, mais les théâtres que nous avons sondés font état d'une diminution des visiteurs de 40 % sur la période estivale », précise Anne-Claire Gourbier, déléguée générale de l'Association pour le soutien du théâtre privé.
Bilan contrasté
Et ce constat se vérifie également au Off d'Avignon, qui a réuni 140 théâtres et 1.400 compagnies du 3 au 21 juillet. Dans son bilan provisoire, l'association AF & C souligne une baisse de la fréquentation de 15 à 25 % par rapport à 2023, les JO ayant contraint le festival à avancer et à écourter cette édition. Et les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet n'ont rien arrangé.
France Festivals le note aussi dans un prébilan contrasté. « Pour certains événements ayant lieu de mi-juin à mi-juillet, l'annonce des élections a provoqué un tsunami : arrêt des ventes pendant cette semaine-là ; organisation à la hâte des élections dans des petites communes imposant un changement de lieu, retards dans l'impression des flyers promotionnels », énumère Alexandra Bobes, directrice de cette fédération.
Sensibilité aux aléas
La mauvaise météo de juillet, la concentration des festivals sur les mêmes périodes, la baisse du pouvoir d'achat, les craintes du public sur la sécurité expliquent aussi certaines désertions de fans. « Mais cela fragilise ces structures car les ressources de billetterie sont déterminantes. Il y a quelques années, les festivals pouvaient amortir une édition moins florissante par une autre, ce n'est plus possible. Il faut souvent un taux de remplissage de plus de 90 % pour équilibrer », rappelle Alexandra Bobes.
En outre, les festivals subventionnés voient leurs soutiens publics diminuer ou stagner malgré l'inflation des dépenses (sécurité + 20 %, transports + 10 %, technique + 15 %, cachets…) et le mécénat devient plus aléatoire : le Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence s'est retrouvé en déficit faute de ne pas avoir reçu un mécénat attendu .
Pilotage à vue
« Cela montre la fragilité d'un modèle fortement sensible aux aléas, quels qu'ils soient : les Jeux paralympiques n'ont pas engendré d'annulations en masse de festivals finalement, mais les contraintes liées aux Jeux ont mis dans la difficulté certains...
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