Avec les seuls spectacles privés, la billetterie a réalisé près de 233 millions d'euros, et a vendu presque 8 millions de billets en 2023, un niveau jamais atteint. Mais les Jeux Olympiques viennent chambouler la donne.
La fête annuelle du théâtre, ce lundi 6 mai, lors de la 35e Nuit des Molières sera particulièrement enjouée pour les scènes privées. Car ce secteur vit une belle dynamique depuis 2022, confirmée encore l'an dernier. « La billetterie a atteint près de 233 millions d'euros, encore en hausse de 5 % par rapport à 2022 et de 17 % en se référant à avant la crise sanitaire : soit un niveau jamais atteint, avec un nombre d'entrées en progression de 7 % à presque 8 millions de billets vendus », confie aux « Echos » Anne-Claire Gourbier, déléguée générale de l'ASTP (Association de soutien au théâtre privé).
C'est l'ex-avocate devenue humoriste, Caroline Vigneaux, à qui a été confiée la mission périlleuse d'animer cette Nuit des Molières, diffusée en prime time sur France 2 depuis les Folies Bergère. Et elle a d'emblée annoncé la couleur de cette fête du théâtre public et privé lors de l'annonce des nominés : « les lauréats sont prévenus, ils auront interdiction de remercier leurs parents, leur metteur en scène, leur producteur ou leur cousine Paulette ». A la place elle réclame des anecdotes.
Avant même la remise des récompenses, le simple fait de figurer parmi les nominés a déjà agi comme un accélérateur des réservations pour les heureux élus. « Cela est assimilé à une assurance de qualité », pointe le président des Molières, Jean-Marc Dumontet. Et les spectacles qui remportent un ou plusieurs trophées voient leur durée de vie s'allonger comme la pièce « Comme il vous plaira » : boostée par quatre Molières en 2022à La Pépinière Théâtre, elle reprendra le 18 septembre au Théâtre Hébertot.
Connus et méconnus
Parmi les nominés cette année, quelques personnalités connues telles Ariane Ascaride, Roschdy Zem, Ludivine Sagnier, Laurent Lafitte, Laetitia Casta, Marina Hands, Emmanuelle Bercot. L'édition est riche et cela se vérifie dans la fréquentation. « L'activité est bien repartie », poursuit Jean-Marc Dumontet, qui lui-même a créé 13 spectacles depuis septembre.
Il a d'ailleurs trois pièces en compétition, « Vidéo Club », « Interruption », et « Le Cercle des poètes disparus », adapté du film culte de Peter Weir, qui fait salle comble depuis le 24 janvier et rafle six nominations. « C'est un raz de marée, plein jusqu'au 26 mai, avec 50 à 80 places par jour qui se vendent déjà pour septembre », précise l'intéressé, certain que « les oeuvres proposées font la demande, l'envie du public ».
Courgette en pole position
Courgette, succès du festival d'Avignon, a le record de sept nominations dont celle du meilleur spectacle de théâtre public, et sera reprise dans une salle privée, le Tristan-Bernard. « Les frontières se dissipent peu à peu entre théâtre public et théâtre privé, nous avons appris à nous connaître. Et les scènes labellisées par l'Etat sont incitées à faire tourner plus largement leurs productions », rappelle Jean-Marc Dumontet. Alors qu'en moyenne une création dans un Centre dramatique national est donnée 3,7 fois et dans une scène nationale 2,3 fois, la ministre de la Culture Rachida Dati, vient d'annoncer 22,2 millions (8,7 de l'Etat et 13,5 des collectivités territoriales) pour la mise en oeuvre du plan « Mieux produire, mieux diffuser » essentiellement affecté au spectacle vivant.
Certains théâtres privés comme la Porte Saint-Martin (Fimalac Entertainment) ont depuis longtemps établi des ponts, misant notamment sur le metteur en scène Joël Pommerat habitué des scènes publiques. A la Scala Paris, Frédéric Biessy lui aussi aime les passerelles entre public et privé tout comme Jean-Marc Dumontet qui a créé un festival « Paroles citoyennes ».
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