Depuis plusieurs mois, le monde de l’humour et du stand-up est chamboulé par des accusations de violences sexistes et sexuelles. Alors que les témoignages s’accumulent, une charte appelle les scènes à plus de parité et à protéger la parole des comédiennes.
L’envers du décor du stand-up n’aurait-il rien de drôle ? Le mouvement MeToo gagne de plus au monde de l’humour, jusqu’aux petites scènes des Comedy Clubs. La discipline, qui cartonne autant dans les villes que sur les réseaux sociaux, est souvent considérée comme le berceau des nouveaux humoristes. Sa bonne réputation est pourtant entachée depuis plusieurs mois par de nombreuses accusations de violences sexuelles.
Dans une enquête publiée le 19 avril, Mediapart affirme avoir recueilli plus de cent témoignages sur le monde du stand-up et de l'humour. Les victimes ; des femmes humoristes, des employées de salle ou des spectatrices, rendent compte d’un milieu sexiste et dénoncent même des faits d’agressions sexuelles. Une dizaine d’entre elles dit avoir été agressées par un artiste rencontré lors d'un spectacle, une quinzaine évoque des avances sur les réseaux sociaux
Élise Vigné, comédienne de doublage, raconte à Mediapart avoir déposé plainte en 2023 pour des faits de viol qui se sont déroulés en 2015, quand elle était régisseuse dans la troupe du Comedy Club le Paname Art Café. Au terme d’une soirée alcoolisée, elle serait rentrée chez elle avec les humoristes Djimo et Lenny M'Bunga. Elle aurait eu un rapport sexuel «consenti» avec ce dernier, mais une personne serait à son tour venue dans la chambre, avant de la «pénétrer», alors qu'elle est «allongée sur le ventre», «en train de [s']endormir». Elle aurait alors demandé que cela cesse– jusqu'à ce que l'homme, dont elle ne voit pas l'identité, quitte «tout de suite» la pièce «en courant».
Les deux hommes sont actuellement placés sous le statut de témoin assisté, l’humoriste Djimo pour «viol commis en réunion» et Lenny M'Bunga pour «complicité de viol commis en réunion». Leurs avocats affirment qu’ils contestent les accusations.
Des accusations contre Seb Mellia
En janvier, l'humoriste belge Florence Mendez révélait, dans une publication désormais supprimée sur Instagram, avoir reçu le témoignage de femmes qui accusent le stand-upper Seb Mellia de violences sexuelles. «L'une parle d'un rapport consenti, mais brutal. Une autre raconte avoir été plaquée contre un mur et embrassée de force. Les deux dernières racontent des rapports forcés, dont des sodomies, avec retrait du préservatif pendant l'acte sans leur consentement», déclarait-elle. Trois mois plus tard, Télérama publiait une enquête dans laquelle onze femmes témoignaient encore à charge contre l’humoriste. Laura Domenge, chroniqueuse pour France Inter, est l'une des rares à avoir accepté d'être citée. Elle raconte avoir «composé en permanence avec des prédateurs qui usaient de leur pouvoir pour nous faire jouer ou pas». Par la voix de son avocate Émilie Sudre, Seb Mellia «dément tout rapport sexuel ou échange de messages non consentis».
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