L’attrait des collectionneurs pour la chair (et la peinture) fraîche(s) est à l’origine de fulgurantes ascensions parmi les créateurs de moins de 35 ans.
Le premier ministre britannique, Rishi Sunak, est-il un homme de goût ou d’argent ? Le New York Times a repéré qu’il avait accroché à Downing Street une peinture de Flora Yukhnovich, une artiste britannique de 32 ans. Le gouvernement l’avait achetée en 2021 autour de 30 000 livres sterling (environ 35 000 euros). Rishi Sunak, alors chancelier de l’Echiquier, tenait les cordons de la bourse.
Il peut se rassurer : l’argent des contribuables a été bien placé. La cote de la jeune coqueluche, qui emprunte au rococo et au goût pompier du XIXe siècle, s’est en effet emballée, à l’excès. En mars, un de ses kitschissimes tableaux a été adjugé au prix record de 2,7 millions de livres sterling. Un montant absurde, mais inférieur aux 5,3 millions de dollars (plus de 5 millions d’euros) décrochés chez Sotheby’s quelques mois plus tard par un tableau d’Avery Singer, une jeune peintre américaine née en 1987.
Voilà une quinzaine d’années, quand un artiste débutant affichait ses premiers essais à 10 000 dollars, les collectionneurs tiquaient. Aujourd’hui c’est un ticket d’entrée normal, même très bas pour un jeune.
D’après la base de données Artprice, le prix moyen des créateurs âgés de moins de 35 ans se situe en 2022 autour de 28 276 dollars – contre 8 025 dollars en 2012. L’attrait des acheteurs pour la chair (et la peinture) fraîche(s) n’a jamais été aussi grand : le produit des ventes des jeunes talents a quadruplé en dix ans, passant de 28,6 millions à 116,8 millions de dollars.
Consécration à double tranchant
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