Lorsque, l’an dernier, deux musiciens de la Staatskapelle de Berlin ont quitté l’orchestre pour ne plus avoir à endurer ce qu’ils estimaient être le harcèlement moral du directeur musical Daniel Barenboïm, cela nous a paru révélateur d’une véritable évolution de l’idée que l’on se fait du maestro. Daniel Barenboïm n’avait pas changé: il a toujours été un patron rude. Ce sont les mentalités qui s’étaient transformées. Après l’adulation du virtuose, figure inventée au XIXe siècle par Paganini pour le violon et Liszt pour le piano, c’est le chef d’orchestre qui fut la figure majeure de la vie musicale au XXe siècle. Ne serait-ce qu’à cause de ce pouvoir magique de faire jouer cent personnes selon sa vision musicale par la seule force du geste. Dans son ouvrage Masse et puissance, publié en 1960, Élias Canetti écrivait: «Il n’est pas d’expression plus concrète de la puissance que l’activité du chef d’orchestre. »
Les grands maestros du passé ont vécu à une époque où le musicien d'orchestre...
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