Bien acceptée par les visiteurs, la nouvelle mesure en vigueur depuis une semaine a néanmoins ralenti les réservations.
Salles de spectacle, cinémas, festivals: depuis une semaine, tous ces lieux de culture en France, dès lors qu’ils accueillent 50 personnes et plus, sont accessibles uniquement sur présentation du passe sanitaire européen. Seuls les mineurs en sont exemptés jusqu’à la fin de l’été.
À l’exception des Chorégies d’Orange où une poignée de spectateurs s’en est pris violemment au personnel, le passe sanitaire a été largement accepté. Comme pour les concerts qui avaient essuyé les plâtres en juin. Le point de contrôle supplémentaire en sus de la sécurité et du billet a engendré un peu plus d’attente, parfois occasionné quelques retards, mais l’ambiance a partout été à la compréhension et à la bienveillance. Dans les lieux de patrimoine, les visiteurs, dont une large part est composée de familles et de plus de 65 ans, font bonne figure, même s’ils sont refoulés. «Pour certains, c’est même un petit motif de fierté d’avoir son QR Code», affirme Xavier Bailly, administrateur du château de Pierrefonds (Oise). «Les gens ont fini par être rodés, et ont accepté que la crise sanitaire implique masque, gel et maintenant passe», ajoute Antide Viand, administrateur de la Villa Kérylos (Alpes-Maritimes).
Des tests dissuasifs
La difficulté à contrôler les QR Code est venue des cas hybrides. Dans les musées ou les châteaux, les équipements pour scanner les QR Code ne peuvent pas lire ceux des visiteurs étrangers hors Europe. Les envoyer à la pharmacie du coin pour y faire un test PCR est facile à Paris - le Musée d’Orsay et le Louvre le font -, mais plus compliqué en région. Les cinémas, eux, ont dû faire preuve de pédagogie face aux spectateurs de bonne foi qui ignoraient encore qu’il fallait attendre une semaine après la seconde injection pour obtenir un passe sanitaire valide. Pas facile non plus de savoir à partir d’un certain âge si un jeune est mineur et donc exempté de passe sanitaire.
Côté fréquentation, les situations sont très disparates. Les chiffres dépendent de plusieurs critères. L’âge des spectateurs: plus il est senior, plus il est vacciné. Le lieu: s’il est dans une région très vaccinée ou pas. Et, enfin, la spontanéité de l’acte culturel: dans les manifestations réservées longtemps à l’avance, où la dépense est conséquente, où l’on vient de loin et reste plusieurs jours, le public s’est organisé pour répondre aux règles. Pour les sorties de dernière minute, comme le cinéma, consacrer quinze minutes à un test PCR pour un film qui dure deux heures est dissuasif.
Un comportement qui se traduit immédiatement en chiffres. Au festival lyrique d’Aix-en-Provence, le taux de remplissage a été de 85 %. Idem à La Roque-d’Anthéron où 80 % des places ont été vendues. Même succès pour la 75e édition du Festival d’Avignon avec 84 % de taux de remplissage. À Paris, la majorité des théâtres font relâche. Les rares ouverts, comme Le Funambule, font pourtant le plein. «Grâce au vaccin, on a la liberté de faire notre travail», dit Julien Héteau, son directeur. En revanche, les festivals de pop et rock ont eu plus de difficultés car leur public est moins vacciné. Le manque d’enthousiasme est aussi dû à la programmation. Cette année, les stars internationales sont absentes et l’affiche souvent la même qu’en 2019. Pourtant, en deux ans, les goûts ont évolué.
Dans les châteaux et monuments, qui réalisent la moitié de leur chiffre d’affaires l’été, «la baisse de fréquentation va de 25 % à 67 %», témoigne Olivier de Lorgeril, président de l’association La Demeure historique. Selon lui, certains petits châteaux ont préféré ne pas ouvrir, ne sachant pas comment s’organiser.
Alors que la vie culturelle redémarrait, les décisions quotidiennes d’appliquer un couvre-feu et le port de masque dans plusieurs régions jettent un froid. Les annonces contradictoires du gouvernement et de plusieurs députés et sénateurs contribuent à plomber l’ambiance et freiner les envies. «Nous avons innové mais avons sans cesse été pris à contrepied, déplore Jean-Louis Guilhaumon, président du festival de jazz et maire de Marciac dans le Gers. Quand le gouvernement a fait ses annonces avec le passe sanitaire, les gens n’ont pas compris et ont eu des réactions irrationnelles. Les millions de Français, cette majorité silencieuse qui va se faire vacciner, on ne la voit pas sur les réseaux sociaux. Ce qui circule, en revanche, est épouvantable. La billetterie, qui avait si bien démarré, s’est arrêtée.»
Face à la situation, tout le...
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