Des économies sont programmées dès l’été prochain pour retrouver l’équilibre alors que les collectivités et le ministère de la Culture cherchent des solutions.
Polémiques individuelles, chiffres de déficit abyssaux, jugements à l’emporte-pièce et cloche merle à Aix... Ces derniers jours, le Festival d’art lyrique d’Aix est au centre des inquiétudes. Son directeur, Pierre Audi, reste muet en attendant les résultats de l’audit flash que le festival a lui même déclenché.
En cause, un déficit important pour l’édition 2023. «Le président de notre conseil d’administration, Paul Hermelin, ex-PDG du géant des services informatiques Capgemini, en a informé le ministère et les collectivités en février, et l’audit a été lancé mi mars», indique Stéphanie Deporcq, administratrice déléguée. Le montant n’est pas encore publié «mais il est bien en deçà des 4 millions que propage la rumeur», poursuit-elle. D’autant que certains font passer ces 4 millions à 6, y ajoutant le prêt de deux millions que la ville a consenti en 2019-2020 pour un apport en fonds propres sous forme d’avance remboursable sur quinze ans. «À l’époque, nos fonds propres étaient à zéro et nous avions besoin d’un matelas pour faire face à nos dépenses courantes. Le festival étant une association, l’apport en fonds propre est la seule manière de renforcer ses fonds. Rien à voir avec une dette! »
Le festival d’art lyrique porte beau : il a reçu le prix du Meilleur festival aux International Opéra Awards en 2023, et une fournée d’autres prix pour diverses de ses productions, dont Innocence de Kaija Saariaho. Mais son modèle économique est acrobatique. Pour avoir les bons orchestres, les bons chefs, les chanteurs et les metteurs en scène que se disputent les meilleurs opéras du monde, il faut programmer environ quatre ans à l’avance. Or le festival est financé au tiers par des ressources propres à savoir le mécénat, qui ne se déclenche pas du tout si longtemps en amont.
L’édition 2023 – celle du déficit qui alarme - était celle des 75 ans. Un anniversaire qui marque. À l’arrivée de Pierre Audi, nouveau directeur en 2018, le mécénat était de 4 millions, et représentait 20% du budget de 21,5 millions d’euros. L’homme, brillant, porteur d’une vision artistique ambitieuse, avait déclaré vouloir en faire le meilleur festival du monde. En 2022, le mécénat atteignait 8 millions, et représentait 30% d’un budget total de 27 millions d’euros, dont un tiers vient de subventions (4,6 millions du ministère, 1,6 de la ville, 930.000 de la métropole, le département 985.000 et la région, 1 million). Tout portait à croire qu’une hausse du mécénat accompagnerait l’édition des 75 ans, avec neuf opéras programmés, dont trois en version concert, sept orchestres invités et 75.000 spectateurs.
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