Couplée à la chute de la fréquentation, elle pousse certaines salles de spectacles à limiter la distribution de places gratuites et à revoir leur tarification.
Les théâtres ont poussé un « ouf ! » de soulagement, mercredi 23 septembre. Parce qu’elles disposent déjà « d’un protocole sanitaire strict », les salles de spectacles (d’une jauge inférieure à mille personnes) ne seront pas concernées – même en « zone d’alerte maximale » – par les mesures de fermeture liée à la lutte contre le Covid-19, a indiqué le ministre de la santé Olivier Véran. Le spectre d’une nouvelle mise à l’arrêt étant, pour l’instant, évacué, les théâtres s’activent pour inciter le public à retrouver le chemin des salles.
En cette rentrée si particulière, certains lieux s’interrogent sur leur politique d’invitations et de tarification des places. Est-il raisonnable de maintenir des gratuités alors que les jauges sont réduites ? Faut-il baisser les prix pour attirer des spectateurs quand l’équilibre financier est difficile à atteindre ? C’est la quadrature du cercle.
Jean Robert-Charrier, directeur du théâtre privé parisien de la Porte-Saint-Martin (10e) est catégorique : « Vu le contexte, il faut qu’on se bouge pour vraiment renouveler les spectateurs. » Le 8 octobre, il rouvrira sa grande salle de mille places (limitée à 650) avec la nouvelle création d’Alain Françon, Avant la retraite, de Thomas Bernhard. Il n’y aura pas d’invitations (hormis pour la presse), et le plein tarif a été ramené à 39 euros. « J’ai toujours trouvé le système d’invitations aberrant. Alors que les artistes sont de plus en plus payés au pourcentage, je ne comprends pas pourquoi les gens du métier ne paieraient pas leur place », insiste le directeur.
De 5 % à 20 % de la fréquentation
Utilisées pour aider au lancement d’un spectacle, favoriser le bouche-à-oreille et éviter, au démarrage, des salles clairsemées qui saperaient le moral des comédiens, les invitations, destinées notamment aux institutionnels et aux professionnels, sont pratiquées de longue date aussi bien dans les théâtres privés que publics. D’un lieu à l’autre, elles peuvent représenter de 5 % à 20 % de la fréquentation.
« Alors que nous avons moins de places à commercialiser, la question des invitations peut se poser, mais ce n’est pas un cheval de bataille », considère le producteur Jean-Marc Dumontet, propriétaire de six salles à Paris, dont le Théâtre Antoine, où vient de reprendre Par le bout du nez, de Matthieu Delaporte et d’Alexandre de La Patellière. « Beaucoup de gens du métier et d’amis veulent voir cette pièce. Vu les circonstances, on va être moins généreux sur les gratuités », ajoute-t-il.
Quant aux places payantes, le producteur se refuse à modifier les tarifs, variant de 21 euros à 66 euros pour le « Carré or » : « On doit offrir aux spectateurs des moments privilégiés. Cela a un coût, il n’est pas question de brader, d’autant que nous avons besoin de cet argent pour faire face aux contraintes. »
Au Théâtre du Rond-Point, où les spectacles solos ont été privilégiés, des « tarifs rentrée » (de 12 euros à 28 euros) sont proposés jusqu’à fin octobre. Quant aux invitations, qui représentent habituellement plus de 10 % des entrées, elles ont été limitées pour certains spectacles.
A la Comédie-Française, où les mesures sanitaires permettent d’avoir...
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