La pratique musicale, dopée par le Covid, est ancrée dans les habitudes des Français et plus seulement dans les classes sociales privilégiées. Mais moins de 2 % des instruments utilisés dans l'Hexagone sont « made in France ».
Le Covid a apporté un nouvel élan à la pratique instrumentale, déjà bien ancrée dans l'Hexagone. De nouvelles vocations sont nées, d'anciens musiciens s'y sont remis, et les pratiquants se sont équipés. C'est ce qui ressort d'une étude commanditée par la Chambre syndicale de la facture instrumentale (CSFI) sur le marché des instruments de musique en France (produits numériques, matériel DJ et Home studio inclus), menée avec Xerfi Spécific.
Ainsi, 40 % des 2.000 répondants ont démarré la musique il y a deux ans ou moins de deux ans, et le quart a acquis un instrument pendant le confinement. Aujourd'hui, près d'un tiers des Français joue d'un ou de plusieurs instruments, la guitare et le piano pesant 76 % du marché du neuf et 66 % de l'occasion, suivis des instruments à vent. On compte 50.000 musiciens professionnels et 10.000 DJ dans l'hexagone.
1,68 million d'unités
« On observe une démocratisation de l'accès à la musique. Il faudrait maintenant favoriser des pratiques collectives pour adultes, trop marginales », pointe Fanny Reyre-Menard, luthière et rapporteur de la commission économique de la CSFI . Cours associatifs, tutos en ligne, musique dans le cursus scolaire et autre pass Culture ont par ailleurs ouvert la pratique aux classes sociales défavorisées.
Le marché des instruments en France, pour amateurs comme professionnels, représente 1,68 million d'unités pour un chiffre d'affaires de 534 millions d'euros. La France reste un petit Poucet comparé aux Etats-Unis où le marché est proche des 3 milliards de dollars. Le tiers des 10-12 ans pratiquent la musique à l'école dans des « bands » (vents) et 20 % dans des « orchestres » (cordes).
En France, où le panier moyen est de 530 euros, le matériel d'occasion représente le tiers des achats et la location demeure un levier d'accès à une qualité supérieure : les conservatoires et écoles de musique jouent un rôle clé dans ce domaine. Les achats en ligne occupent une place croissante : 31 % des acquisitions dans le neuf contre 25 % en 2017 pour l'étude Crédoc qui ne prenait pas en compte les instruments électroniques.
Réseau fragile
Malgré cette concurrence, les luthiers, facteurs, magasins spécialisés de proximité, conservent un rôle important dans la vente, l'entretien, la réparation : ils s'adjugent 60 % des acquisitions de pianos et 56 % pour les instruments à archet, près de 50 % pour les accordéons et percussions. Point noir pour cet écosystème qui génère 4.500 emplois : seulement 31 % des sondés font entretenir leurs instruments régulièrement (44 % chez les 18-24 ans).
« Ces 2.000 petites et très petites entreprises constituent un maillage sur tout le territoire mais elles sont fragilisées par les crises successives, les sites en ligne, les défis de la transition écologique et l'arsenal réglementaire toujours plus contraignant », met en garde Fanny Reyre-Menard.
Offre française exportée
L'offre française d'instruments, réputée à l'international, est positionnée sur le haut de gamme, dominée en nombre par des structures artisanales avec très peu ou aucun salarié, mais portée par quelques entreprises leaders qui réalisent 85 % du chiffre d'affaires et exportent leur production à 70 %.
C'est le cas de Buffet Crampon, numéro un mondial pour les instruments à vent d'exception destinés...
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