L’Opéra de Rouen-Normandie fermera pour six semaines en avril et mai, celui du Rhin modifie sa programmation… De quoi confirmer la fragilité financière des opéras et orchestres face à la hausse des prix de l’énergie et aux baisses de subventions.
« Madame la ministre, la fermeture de nos établissements n’est plus une chimère ! » Le cri d’alarme lancé mi-décembre par Aline Sam-Giao, présidente du syndicat Les Forces musicales, au sujet de la fragilité financière des opéras et des orchestres, était fondé. Et il n’a pas fallu longtemps pour lui donner une réalité. Jeudi 2 février, l’Opéra de Rouen-Normandie a annoncé sa fermeture pendant six semaines, en avril et en mai, ainsi que l’annulation de cinq opéras et concerts. « C’est un déchirement pour nous que de devoir renoncer à certaines créations dans les prochains mois et, plus encore, de suspendre les dispositifs participatifs patiemment développés pour permettre au plus grand nombre de goûter aux joies de l’opéra », regrette Loïc Lachenal. Le directeur de l’Opéra de Rouen n’a pourtant pas eu le choix. À son arrivée, à l’automne 2017, il avait hérité d’une situation financière fragile ; le coup de grâce est venu de l’augmentation récente et spectaculaire du prix de l’énergie : plus 450 000 euros en un an, pour un montant total de 650 000 euros. De quoi monter un grand opéra.
À l’autre bout de la France, c’est l’Opéra national du Rhin qui lui aussi a dû se résoudre à modifier la programmation du Conte du tsar Saltan, de Rimski-Korsakov, en annulant une représentation à la Filature, à Mulhouse, et en en modifiant une autre en concert. « C’est un spectacle très coûteux sur le plan technique, cette modification nous permettra une économie de 150 000 euros », explique le directeur de l’opéra, Alain Perroux. De même, Le Couronnement de Poppée, qui nécessite un orchestre invité et donc des coûts élevés, sera donné une journée de moins que prévu à Strasbourg.
Car les mêmes causes produisent les mêmes effets. L’Opéra national du Rhin fait face à des augmentations importantes de ses charges (hausse des salaires et de l’énergie), avec en parallèle une baisse de dotation de 2,5 % de la Mairie de Strasbourg (un peu moins de 200 000 euros) et de celle de Mulhouse. Équation impossible à résoudre sans finir par toucher à la programmation. Et ce n’est qu’un début. L’Opéra-Orchestre national Montpellier-Occitanie vient d’annoncer le report de Scènes du Faust de Goethe, de Robert Schumann, initialement prévu en mai en raison de « contraintes budgétaires ».
Si l’augmentation du coût des matières premières met en lumière...
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