Faire des films en temps de pandémie ? Un immense défi, relevé avec vaillance en France depuis plus d’un an. En dépit de budgets globalement resserrés, la plupart des projets voient le jour. Même si l’embouteillage de films produit par la longue fermeture des salles augure des lendemains difficiles.
Dans un monde idéal est le titre du premier film d’Émilie Frèche, actuellement en cours de montage. Dans un monde idéal, le tournage n’aurait pas été interrompu cinq mois par le Covid-19. À peine avait-il commencé, en octobre 2020, que la quasi-totalité des trente-cinq membres de l’équipe était contaminée. Un cluster, comme on dit. Il a fallu attendre le mois de mars pour reprendre, afin que la lumière naturelle soit à peu près raccord — les décors sont ceux des environs de Briançon, dans les Alpes. Surcoût de ce contretemps : 400 000 euros, sur un budget évalué initialement à 2,5 millions. Un film déjà « fragile » au départ, selon la productrice, Laëtitia Galitzine, qui doit son salut au fonds de soutien de 50 millions d’euros débloqué par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) : « Sans cela, nous n’aurions pas repris. »
Cette aide d’urgence, qui a sauvé bien des œuvres, permet d’expliquer la vitalité intacte — ou presque — de la création cinématographique malgré la pandémie. Entre 2019 et 2020, la baisse du nombre de films en production s’est limitée à 20,6 %, d’après le CNC — une chute qui correspond peu ou prou aux deux mois du premier confinement, entre le 17 mars et la mi-mai. De vives discussions au sein du Comité d’hygiène et de sécurité de l’audiovisuel et du cinéma ont abouti à un guide des préconisations de sécurité sanitaire, lequel a permis aux productions de reprendre leur rythme de croisière en juin. À Paris, le nombre de jours de tournage n’a diminué que de 10 % d’une année sur l’autre.
« La reprise est assez...
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