ENQUÊTE - L’institution nationale pour laquelle Stéphane Braunschweig n’a pas souhaité renouveler son mandat cherche un nouveau directeur ou directrice.
«Il faut être positif, j’espère que l’Odéon-Théâtre de l’Europe va rebondir», lance Stéphane Braunschweig, 59 ans, son directeur depuis le 15 janvier 2016. En décembre dernier, le metteur en scène et scénographe a annoncé qu’il ne renouvellerait pas son mandat.
Ni Rima Abdul Malak, l’ex-ministre de la Culture, ni Rachida Dati, qui lui a succédé, n’ont tenté de le faire changer d’avis. La première s’est excusée. Elle ignorait que la situation du Théâtre de l’Odéon était aussi compliquée… Un porte-parole de la seconde a indiqué mercredi dernier que le ministère ne ferait «pas de commentaire à ce stade». Début février, le nouveau directeur de cabinet de Rachida Dati avait reçu à son tour Stéphane Braunschweig. «Il souhaitait échanger sur la situation, je n’ai pas laissé d’ouverture concernant mon départ», observe celui-ci.
«Crise à tous les étages»
D’après le dirigeant, son départ sonne «le signal d’alarme sur l’état du théâtre public en France». «L’argent manque dans la plupart des structures», constate-t-il. «Nous sommes très inquiets. Un théâtre national se trouve dans l’incapacité de remplir ses missions artistiques à cause d’un manque de budget, résume Claire Serre-Combe, secrétaire générale du Syndicat national des professionnel·le·s du théâtre et des activités culturelles CGT (Synptac). Les saisons sont programmées deux ou trois ans à l’avance. Que va-t-il se passer dans le futur? Que vont devenir les salariés et quel directeur accepterait de s’embarquer dans cette aventure?»
L’Odéon-Théâtre de l’Europe est l’un des six théâtres nationaux subventionné par l’État à hauteur d’environ 70 %, et qui se finance à hauteur de 30 % (billetterie, mécénat, tournées). Le 23 janvier, trois syndicats du spectacle vivant ont alerté le président Emmanuel Macron afin qu’il apporte des solutions. «Nous n’avons eu aucun retour ni de sa part ni du ministère de la Culture, indique Claire Serre-Combe. C’est la crise à tous les étages avec un État qui ne fait RIEN. On a le sentiment que le secteur du spectacle n’est pas la priorité, que Rachida Dati est aux abonnés absents et nous traite avec beaucoup de mépris. Il y a une menace sur la diversité culturelle. Le rôle de ces lieux est de proposer des formes nouvelles, de prendre des risques artistiques et d’avoir des moyens techniques pour faire du “grand”, du “beau”.»
«En interne, les syndicats ont été très surpris. Même si j’avais laissé entendre que, compte tenu des difficultés, je pourrais renoncer à continuer», se souvient Stéphane Braunschweig. À l’origine, il était même «plutôt» candidat à son propre renouvellement: «Confronté à une équation budgétaire impossible à tenir, je n’ai pas eu le sentiment d’être soutenu.»
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