Nombre de scènes nationales et privées proposent des spectacles de l’autre côté du périph. Si cela n’entame pas la motivation des spectateurs, les nombreux soucis sur les RER, métro et bus peuvent, eux, sérieusement la freiner.
Aulnay-sous-Bois, 1ᵉʳ février, 19h30. Les passagers du RER B s’entassent sur le quai, attendant désespérément un train qui ne viendra pas. Certains d’entre eux se rendaient sûrement au Théâtre Louis-Aragon (TLA), dans la ville voisine de Tremblay (93), qui devra une nouvelle fois décaler son spectacle pour accueillir les retardataires. Située dans le nord-est parisien, la salle est une victime collatérale des problèmes réguliers du réseau francilien. Selon son site Internet, seuls trois des vingt représentations prévues en 2023 ont bénéficié d’un fonctionnement correct de la ligne de RER B. Grèves, retards et travaux perturbent les réseaux d’Île-de-France, auxquels s’ajoute un maillage qui ne facilite pas les trajets inter-banlieue.
Fracture sociale
Le théâtre tire la sonnette d’alarme : « Il s’agit d’une vraie fracture sociale, constatent Emmanuelle Jouan, directrice du théâtre, et Vincent Favero, responsable de la communication. Les habitants ne peuvent pas circuler dans leur territoire car les lignes mènent surtout à Paris. Les trajets en bus découragent un public qui a déjà du mal à se rendre au théâtre. » Les ateliers, dans les établissements scolaires et hôpitaux, sont également mis en difficulté à cause de l’absence de transport, surtout en soirée. « Dans le cadre d’un projet à Sevran, nous avons dû payer des taxis pour que les lycéens rentrent chez eux. On fait tout pour accueillir les jeunes, les vieux… Mais si le service public ne suit pas, cela ne sert à rien ! »
La question de l’offre des transports pose également problème à la Maison des Arts et de la Culture de Créteil (94) qui propose des programmes dans différentes villes du Grand-Est parisien. Pour Mireille Barucco, sa secrétaire générale, le public du département est confronté à « des transports publics s’arrêtant en début de soirée, sans possibilité pour les habitants de se déplacer autrement ». Elle souligne aussi « une dégradation considérable de la ligne 8 », qui oblige souvent le théâtre à décaler le démarrage de ses pièces.
« On n’a rien à attendre du gouvernement là-dessus ! » affirme Anne-Marie Peigné, directrice adjointe déléguée au développement du Théâtre Nanterre-Amandiers (92). Le public de la salle est composé à 48 % de Parisiens (pour la saison 2022-2023) et à 45 % de banlieusards (dont seulement 13 % de Nanterriens). « Je n’ai jamais loupé une pièce aux Amandiers, mais je suis fréquemment arrivée juste avant la fermeture des portes », confie Louise, habitante de Rueil-Malmaison, près de Nanterre. Cette jeune femme est souvent confrontée à des bus « en retard, bondés ou annulés » qui lui imposent de doubler son temps de transport pour arriver à l’heure. « C’est une charge mentale supplémentaire… » ajoute-t-elle.
Des offres inégales
Les Parisiens souhaitant se rendre en banlieue rencontrent aussi des difficultés. Au Théâtre public de Montreuil (93), la directrice adjointe Véronique Bellin souligne « un frein » à l’inclusion de tous les publics. Bien que le théâtre soit relié à Paris par la ligne 9, ses nombreux incidents techniques retardent les spectateurs.
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