Le samedi 18 janvier, à l’appel de l’Union des collectifs festifs Lgbtq+, du Syndicat des Organisateurs Cultures Libres et Engagés (Socle), du Collectif des Sound Systems d’IDF et du Comité de Soutien à la Maskarade – IDF, un cortège festif s’est joint à la manifestation contre la loi sécurité globale à Paris place Félix-Éboué à Paris. Neige et paillettes devaient ainsi se mêler aux pancartes bien senties dans l’espoir de rendre plus visible et audible le désespoir d’une population – aussi bien sur scène que dans les salles – astreinte à un mutisme forcé depuis mars dernier. Reportage.
Ce samedi 18 janvier à l’appel de l’Union des collectifs festifs Lgbtq+, du Syndicat des Organisateurs Cultures Libres et Engagés (Socle), du Collectif des Sound Systems d’IDF et du Comité de Soutien à la Maskarade – IDF, un cortège festif s’était joint à la manifestation contre la loi sécurité globale à Paris place Félix-Éboué à Paris. Neige et paillettes devaient ainsi se mêler aux pancartes bien senties dans l’espoir de rendre plus visible et audible le désespoir d’une population – aussi bien sur scène que dans les salles – astreinte à un mutisme forcé depuis mars dernier.
Un dispositif policier et militaire totalement disproportionné avait été mis en place pour juguler dès le départ le cortège sensé défiler aux côtés des autres manifestant.e.s. Si les camions syndicaux ont été autorisés à intégrer le parcours reliant Daumesnil à la place de la Bastille, la préfecture n’a pas réservé le même traitement au défilé de sound system prévu pour accompagner le cortège de prises de parole, performances d’artistes renommé.e.s ou simple cri du cœur d’une population stigmatisée et criminalisée par les choix politiques de gestion de la crise sanitaire.
Neuf mois que les pistes de danse sont à l’arrêt. Une musique coupée nette sur décision du ministère de l’intérieur dans l’espoir de freiner une pandémie qui bouleverse nos vies depuis bientôt un an. Le monde de la culture n’avait pourtant pas tardé à se réinventer pour proposer au public des évènements respectant strictement les mesures sanitaires. Après une courte éclaircie l’été dernier permettant au secteur culturel de respirer, le rideau est vite retombé pour une durée indéterminée sur celui-ci considéré de fait comme “non-essentiel”.
Tandis que peu à peu commerces, écoles, transports ou lieux de travail ont bénéficié d’assouplissements ou de réouvertures témoignant d’une priorité donnée aux impératifs économiques sur le risque sanitaire, de ce côté-ci le bâillon reste de mise. La culture jugée auxiliaire est quant à elle arrosée de financements compensatoires massifs créant parfois même des effets d’aubaine dans les bilans comptables de l’exercice 2020. Mais la sphère culturelle et festive, bien qu’éminemment rentable et productrice de valeur (tangible et intangible) n’existe pas dans le but de générer des bénéfices. Ces collectifs, ces artistes, ces danseurs, ces organisateurs voient dans l’achat de leur silence un mépris vulgaire et insultant des comptables de l’Etat envers des goûts, des rêves et des comportements qu’ils jugent délictueux. C’est oublier que ces derniers sont la boîte de pétri d’une exception culturelle dont nos politiques se targuent pourtant régulièrement sur la scène internationale. Un soft power sans lequel d’autres secteurs (comme celui du tourisme) pèseraient bien moins lourd dans les caisses de l’hexagone.
Sans cesse repoussé par de nouveaux prétextes, l’espoir de pouvoir accéder à nouveau à cette part de bonheur s’étiole à chaque annonce pompeuse du gouvernement. Or à ce jour aucune étude scientifique sérieuse ne permet véritablement de fonder cette interdiction. Les dommages psychologiques et leur manifestation bel et bien physiques eux, apparaissent comme un nouveau défi sanitaire à relever auprès d’une population privée de lien social, d’exutoire et de moyen d’expression. Malheureusement aguerris...
Lire la suite sur sourdoreille.net