Explosion des coûts, surabondance de spectacles, sujets tabous, baisse des budgets des théâtres municipaux… Rentabiliser sa participation au festival d'Avignon même en remplissant à 100 % devient mission impossible.
Dans les rues d'Avignon, c'est un mélange d'effervescence et d'inquiétude après les résultats des législatives et le poids des extrêmes. « Il devient de plus en plus compliqué de faire tourner des pièces parlant de genre, de religion, de politique, dans les théâtres municipaux, déjà touchés par des coupes budgétaires », estime Fleur Houdinière, du Théâtre Actuel à Avignon et du Théâtre La Bruyère à Paris.
Une morosité qui s'ajoute à une fréquentation un peu molle la semaine dernière, du fait du démarrage avant les vacances scolaires pour cause de Jeux Olympiques, même si les professionnels espèrent rattraper ce retard pour atteindre les 2 millions de billets vendus en fin de festival (21 juillet) comme l'an dernier.
Pour capter l'attention des médias face à l'offre pléthorique du Off (1.700 spectacles, 1.300 compagnies, 140 théâtres), l'humoriste Jean-Michel Rallet a pris une initiative originale. Cet ancien major de l'EM Lyon qui a fait carrière dans le capital investissement avant d'être poussé vers la sortie à l'aube de ses 50 ans et d'en faire un spectacle (Changement de Vie (In) volontaire), a fait la totale transparence sur ses dépenses au festival.
Un investissement promotionnel
L'an dernier, il a perdu 10.000 euros parce qu'il a pris une salle trop grande et imprimé trop d'affiches. Cette fois, il a réservé une jauge plus modeste de 60 places à 6.000 euros pour 20 dates, qu'il doit remplir à 80 % pour équilibrer. S'y ajoutent le coût du régisseur (1.000 euros), l'hébergement (3.500 euros), les 100 affiches et les flyers (plus de 1.000 euros), les petites annonces sur le site du festival et les réseaux sociaux (500 euros).
« Changement de vie (in) volontaire » évoquant le monde de l'entreprise, Jean-Michel Rallet a pris contact avec des sociétés de la région pour les inciter à venir à l'occasion d'afterworks ou de teambuildings. Il n'a pas pris de diffuseur et a contacté lui-même les professionnels. Néanmoins il aura investi 13.000 euros à amortir.
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