Dans tous les pays, en raison de la fermeture des cinémas, théâtres, musées, salles de concert, la situation des acteurs de la culture est catastrophique. Mais les Etats ont répondu de façons très différentes aux appels à l’aide des créateurs.
Aux Etats-Unis, des initiatives privées
Aux Etats-Unis, la culture reçoit peu de subventions publiques en temps normal, et il n’existe pas de ministère de la culture, même si deux organisations en tiennent plus ou moins lieu, le National Endowment for the Arts et le National Endowment for the Humanities. Confrontés à l’annulation des événements, les professionnels de la culture ont bombardé le Congrès de pétitions et d’appels à l’aide sous le hashtag #CongressSaveCulture. L’American Alliance of Museums a chiffré à 33 millions de dollars (30,5 millions d’euros) par jour les pertes quotidiennes des musées du pays.
Dans le plan de relance de 2 000 milliards de dollars (1 850 milliards d’euros) adopté le 27 mars, le Congrès a inclus 150 millions de dollars (139 millions d’euros) pour la culture. 50 millions de dollars (46 millions d’euros) ont été ajoutés pour l’Institute of Museum and Library Services, qui subventionne musées et bibliothèques. Et 25 millions de dollars (23 millions d’euros) ont été réservés au Kennedy Center de Washington, qui abrite le National Symphony Orchestra et le Washington National Opera. Dans les Etats et les villes, les commissions des arts ont également créé des fonds de soutien publics aux artistes, comme à New York ou à San Francisco, où le programme est doté de 2,5 millions de dollars.
Mais c’est surtout le secteur privé qui a multiplié les initiatives. Pour aider les artistes eux-mêmes, le consortium d’associations Artist Relief Fund a ouvert un guichet où les demandeurs, qu’ils soient auteurs, architectes, réalisateurs de podcasts, compositeurs, danseurs, costumiers, éclairagistes… peuvent bénéficier d’une aide immédiate de 5 000 dollars (4 600 euros). Le fonds a été doté de 10 millions de dollars (9,2 millions d’euros) par une série de donateurs privés et de fondations. A New York, Michael Bloomberg et d’autres grands noms de la philanthropie ont créé un fonds doté de 75 millions de dollars (69 millions d’euros) accessible aux services sociaux et culturels de la ville, alors que Broadway est à l’arrêt.
En Grande-Bretagne, chômage partiel et donations
Le tableau est également sombre au Royaume-Uni. A l’exception notable des musées « nationaux » (à Londres, la Tate Modern, le Victoria and Albert Museum, le British Museum, etc.) bénéficiant de fonds publics ou de certains musées locaux, subventionnés par les municipalités, l’essentiel des institutions culturelles équilibrent leurs comptes avec leur billetterie. Leur source de revenu s’est envolée depuis le confinement (décrété le 23 mars) : elles sont éligibles au « job retention scheme », plan d’aide du gouvernement permettant aux entreprises de mettre au chômage partiel leurs employés plutôt que de les licencier. Elles peuvent compter sur l’aide des fondations et autres sociétés de bienfaisance, très actives dans le pays, à qui le gouvernement a accordé une aide exceptionnelle de 750 millions de livres (857 millions d’euros).
Malgré ces schémas, les charges fixes demeurent, et des petits musées ou théâtres tirent la sonnette d’alarme. « Nous nous engageons à soutenir [les musées] le plus possible, mais nous ne pouvons pas aider tout le monde », a reconnu, au micro de la BBC, un porte-parole du National Lottery Heritage Fund, important pourvoyeur de donations aux institutions culturelles.
Même situation alarmante du côté des théâtres, un secteur qui emploie près de 300 000 personnes en Grande-Bretagne. Ceux du fameux quartier de West End, à Londres, ont annulé leur programmation jusqu’à la fin mai, en attente du plan de déconfinement du gouvernement. Et tentent de survivre grâce aux donations tout en maintenant une programmation en ligne, sur YouTube notamment.
En Allemagne, « produit de première nécessité »
En Allemagne, qui fait figure d’exception, le secteur culturel a été l’un des principaux bénéficiaires du plan de soutien de 50 milliards d’euros lancé, fin mars, par le gouvernement fédéral. Celui-ci permet...
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