En raison de la pandémie de Covid-19, des centaines de films attendent de vivre en salle. Les distributeurs craignent que ces œuvres soient noyées dans la masse quand les écrans se rallumeront.
Le yo-yo. Après la disette de blockbusters américains l’été 2020, un engorgement inédit de longs-métrages se profile pour la réouverture des salles. Depuis qu’elles ont dû baisser le rideau le 30 octobre 2020, le nombre d’entrées s’est figé mais celui des films terminés continue d’augmenter chaque jour.
Entre 400 et 420 longs-métrages – français et étrangers – stagnent chez les distributeurs, en attente d’être projetés sur grand écran, a calculé Hélène Herschel, déléguée générale de la Fédération nationale des éditeurs de films (FNEF). Un « bouchon » , qui évoque au choix le tunnel autoroutier saturé dans Huit et demi, de Federico Fellini, sorti en 1963, ou Le Grand Embouteillage, de Luigi Comencini (1979)…
« On craint un massacre », avoue Jean Labadie, de la société de distribution Le Pacte, qui dispose d’une vingtaine de films en stock. Interpellée par les représentants des cinémas d’art et essai, l’Agence pour le développement régional du cinéma (ADRC) et le Bureau de liaison des organisations du cinéma (BLOC), la médiatrice du cinéma, Laurence Franceschini, a saisi l’autorité de la concurrence. Cette dernière examinera ce dossier début avril et rendra un avis – exceptionnellement préalable – sur la faisabilité d’un « calendrier concerté » des sorties pendant les premiers mois de reprise d’activité des salles. Ou au moins, le collège donnera des pistes sur le mode de concertation.
L’angoisse des distributeurs indépendants tient en une question : comment éviter qu’avec leur grand retour annoncé, les blockbusters américains n’envahissent tous les écrans et ne laissent que des miettes aux petits films d’auteur ?
« Eviter de se cannibaliser »
« Il faut absolument éviter de se cannibaliser », affirme Eric Lagesse, PDG de Pyramide Distribution et coprésident du syndicat Distributeurs indépendants réunis européens (DIRE). « Les indépendants français ont...
Lire la suite sur lemonde.fr